B/11 : Mariage à l’eau de rose
- Mandy, je serai un homme comblé si tu daignes accepter cet anneau, gage de mon amour pour toi et de ma fidélité, dit Joë en lui présentant l’alliance. Mandy, veux-tu devenir ma femme pour le meilleur et pour le pire ?
- Ouiiiiii ! Joë, oui, je le veux ! Et toi, Joë, veux-tu devenir mon mari ?
- Bien sûr, la question se pose pas !
- Nan, c’est pas ça, dis-oui, Joë, si tu dis pas « oui », ça compte pas ! lui souffla Mandy.
Il s’exécuta au-delà de ses espérances :
- Oui-oui-oui, mille fois oui, je veux devenir ton mari !
- Oh Joë, s’exclama Mandy en se blottissant dans ses bras. Jusqu’au dernier moment, j’ai eu si peur que tu recules. J’en serais morte de chagrin.
Il la serra tout contre lui pour qu’elle se sente sécurisée.
- Mais fallait pas Mandy. Fallait pas ! J’en conviens, je suis pas toujours facile à démarrer, mais quand c’est parti, c’est parti !
Miguel ne se joignit pas au concert d’applaudissement quand il l’embrassa tendrement. Tous ces mariages ça commençait à le courir, et d’une. Comment voulez-vous que Laurène y pense pas, quand ils arrêtent pas de se promettre un tas de conneries, que tout le monde sait bien que c’est du flan et que la fidélité, mon œil ! Faudrait être un saint, avec toutes les nanas qui demandent que ça. Enfin Joë, lui, ça l’étonnerait pas plus que ça qu’il reste fidèle. S’était toujours demandé s’ils étaient de la même planète.
Il regarda la scène d’un air goguenard.
- Tu parles d’une andouille ! Se rend même pas compte qu’il est foutu. Elle va te l’envelopper dans le formol à coups de layette et de bons petits plats. Remarque, pour la layette, je suis pas mal empêtré aussi, finit-il quand même par convenir. Un éclair de lucidité qui lui fit voit l’horizon en noir et lui arracha cette pensée : J’espère qu’ils ont prévu à boire, faut que je me remonte le moral, moi !
ALORS !!? Qu’est ce qu’ils attendaient pour faire péter les bouchons ? Ils allaient quand même pas passer tout leur temps à se faire des mamours ! Je sais pas si c’était l’idée qu’ils se faisaient d’une fête inoubliable, mais pour le moment, ça valait pas tripette, leur mariage.
Ah-bon, quand même, ils avaient cessé de jouer de la ventouse, et Joë avait proposé qu’on se mette à l’abri pour passer à table. A l’abri de quoi ? Je vous le demande. Peut-être qu’il avait peur qu’on se reçoive un satellite sur la tronche. Il lisait trop, et pas des bouquins intéressants, -si vous voulez son avis. Qu’est ce qu’il avait pu les saouler avec ses histoires de Zarbville.
Jamais j’ai vu un mariage aussi pourri. Tiens, Laurène, vas donc me chercher l’album de la noce à neuneu, qu’ils se rendent compte ? Z’allez voir, c’était pas la joie !
- Bon, alors ça c’était Jean-Paul qui jouait les lèche-bottes avec Joë en le félicitant pour la déco. Tu te rappelles, la déco, Laurène ? Du rose partout et des cœurs sur tous les murs. C’était d’un naze ! Qu’est ce qu’il lui racontait déjà ?
- Oh, dis-donc, t’as fait trop fort ! C’est vraiment une bonne idée cette déco, ça nous met tout de suite dans l’ambiance.
L’ambiance, tu parles ! Ca voulait jouer au prétentieux, avec des petites tables séparées, comme si on avait été des mille. Tout le monde se trimballait avec sa petite assiette pour aller se servir au buffet, on se serait crus à la cafète.
- Miguel, arrête de critiquer, c’était pas si mal, quand même !
- Pas si mal ?! T’as trouvé ça pas mal, toi ? Et les canettes de soda qu’ils nous ont sorties pour arroser la dinde ? Je te prie de croire qu’elle a eu du mal à passer la dinde, avec ça. Pouvaient pas déboucher du champagne, comme tout le monde ?! Tiens, regarde, là sur la photo, on voit bien qu’André, il était comme moi, il trouvait ça nul.
- Je sais pas si il trouvait ça nul, comme tu dis, n’empêche, qu’il était bien d’accord avec Joë pour t’envoyer aux pelotes quand t’as réclamé :
-Nan-mais, vous figurez quand même pas qu’on va se contenter de la bibine ! Où vous avez planqué le champagne ? Il t’ont bien dit :
- Le champagne, il est au frais et il y reste ! Tu vas pas nous recommencer ton cinéma.
- Ah, bien sûr, toi t’étais à la noce ! Mandy, Dona et toi, vous étiez de leur avis.
-Han, nan-nan-nan, pas trop de champagne, faut pas oublier qu’on est enceintes !
Ca parlait layette et biberons dans tous les coins. Y avait bien que vous, les bonnes femmes, pour trouver ça bien.
- Je me suis fait chier comme un rat mort, c’est rien de le dire ! J’aurais mieux fait de rejoindre Dona et Abdoul, ils ont passé toute la journée dans le bain à remous.
-Qu’est ce qui t’en empêchait, Miguel ? Si tu crois que c’était marrant pour nous, de te voir tirer une tête de six pieds de long. Tiens, regarde bien, sur la photo. T’as vu la tête que tu faisais ?
- Oui-ben, y avait de quoi ! Mais dis-donc, Laurène… j’ai remarqué : Tu t’es resservie au moins trois fois de la dinde ! Ca y est, c’est fini le régime ? -Remarque bien, je te le reproche pas-, mais quand-même, faudrait pas passer d’un extrême à l’autre.
- T’es marrant, toi ! J’avais la dalle ! Depuis deux jours que j’avais pratiquement rien avalé. Et puis, j’avais dit que je tiendrais jusqu’au mariage de Mandy. C’était bien le mariage de Mandy, nan ?
- Ouais, ben, t’étais pas obligée de te morfaler non plus. Tout le monde l’a remarqué, je te signale.
- Tiens, là, encore une preuve ! T’as vu la part monstrueuse de gâteau que tu t’es enfilée ?
- J’a-vais-FAIM ! Oh-mais, si tu vas par là, moi aussi, je peux te sortir des photos,
- Quelles photos ?
- Attends…
- Celle-là, par exemple. Quand t’as fini par aller chercher la bouteille dans le frigo, toi-même. Ca aussi, tout le monde l’a remarqué, je te signale.
Et puis celle-là. Quand t’as proposé un toast : « A Joë, le futur cocu ». Nan-mais, ça va pas de me faire des hontes pareilles !
- Ben quoi ? C’est vrai, que le Joë, je lui donne pas un an avant qu’il porte des cornes. Tu verras ce que je te dis, Laurène !
- Je verrai ou je verrai pas, c’est pas le problème ! C’est pas des choses qu’on dit, ça Miguel.
- Et puis, tiens, encore celle-là. Quand Donna t’a enlevé la bouteille des mains en te disant :
- T’as assez bu Miguel, tu sors plus que des âneries.
- Attends, fais voir la photo, là… mais dis donc, elle était pas mal, la petite bonne. Comment ça se fait que je l’ai pas remarquée, moi ?
- Miguel, tu veux une claque ?
- Rho, Laurène ! Si je te dis que je l’ai même pas remarquée !
- Oui, ben, tu peux dire ce que tu veux. Nous on s’est super bien amusés. Il était vraiment réussi, ce mariage. Y a que toi qu’a trouvé ça nul. On verra si le nôtre est aussi bien… Ha, tu dis plus rien, là ! C’est facile de critiquer les autres… Ooooh, regarde Miguel, je suis super bien sur cette photo. Je t’ai fait honneur, y a pas à dire, y en a pas beaucoup qui pouvaient se vanter d’avoir une plus belle femme…
Miguel s’est levé pour se servir une tasse de café.
- Sauf que nous, on est que fiancés…
Miguel sirote son café, l’air de ne pas entendre
- Miguel, quand est ce qu’on se marie ?
- Ah ça, je l’aurais parié ! Mais qu’est ce qu’on a besoin de se marier ? On est pas bien, là, fiancés ? Pour moi, ça fait aucune différence.
- Ben, justement, si ça fait pas de différence, je vois pas pourquoi on se marie pas. Miguel, s’te plaît, Miguel ! Moi aussi, j’aimerais bien porter une belle robe blanche.
- Ben, tu viens juste de t’en payer une, de robe. Tu vas quand même pas faire que ça !
- C’était pas une robe de mariée ! Si tu fais pas la différence, moi je la fais ! Je t’avertis Miguel, j’en ai marre d’attendre que tu te décides. Si on se marie pas bientôt, moi je te plaque. Et je te laisse les mômes en souvenir.
- Heu, Laurène…tu plaisantes, là ? Nan, tu me fais marcher, je vois bien.
- Devine ! répondit Laurène, un sourire énigmatique aux lèvres.
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