B25 : Le poison de la jalousie
Ce que j’ai pu être bête, quand j’y repense…
Après les regards surpris entre mon mari et cette Laure, j’ai tiré une tête de condamnée à mort pendant toute la journée. Jean-Paul ne comprenait pas. Il m’avait offert une jolie robe de maternité et je l’avais à peine remercié, me contentant de répondre à ses interrogations par monosyllabes : oui-nan. Y en a qui le désespoir coupe l’appétit, moi c’était tout le contraire, je me sentais comme un creux dans l’estomac et ce creux, fallait le remplir. J’ai passé mon temps à me goinfrer.
J’ai essayé de me raisonner, de me changer les idées en étrennant notre nouveau banc de musculation. Fatiguer le corps pour ne plus penser. Peine perdue, les mêmes doutes m’assaillaient, me déchiraient. Jean-Paul et Laure, Laure et Jean-Paul… ils avaient l’air si complices. J’imaginais mille scénarios plus noirs les uns que les autres. Après tout, cette fille, je savais rien d’elle. Elle s’était pointée chez nous sans y avoir été invitée « pour nous saluer » soit-disant. Mais qui dit qu’elle connaissait pas déjà Jean-Paul avant ? Et Jean-Paul, n’avait-il pas déclaré : « Je crois qu’elle habite pas très loin ». Hasard ou préméditation ? C’est bien lui qui avait choisi l’emplacement de notre maison.
J’étais morte de la jalousie, mais pour rien au monde j’aurais voulu en parler à mon mari. Et si je me faisais des idées ? Je n’avais jamais surpris que des regards, on peut leur faire dire ce qu’on veut, aux regards. Quand je m’accrochais à ces pensées, c’était comme si j’avais jeté du lest, mon cœur se gonflait d’espoir et je le sentais plus léger. Mais très vite, je replongeais au fond du gouffre. Oui-mais ce regard… ce regard, quand même !
Je me suis rongé les sangs toute la journée et le soir, Jean-Paul est rentré avec sa première promotion.
J’avais pas le cœur à le féliciter : Je boudais.
S’il s’en était pas mêlé, je crois bien que je bouderais encore.
- Ho, Sally, ça va plus du tout. Qu’est ce qui t’arrive, nom d’un Sim ?! Tu me fais la gueule depuis hier, je sais même pas pourquoi. Assieds-toi et prenons le temps de parler. Explique-moi ce qui se passe une bonne fois ! m’a-t-il ordonné.
J’émis un faible
- Rien
- Ne dis pas « rien », je vois bien qu’il y a quelque chose. Tu veux vraiment pas m’en parler ? Tu me fais pas confiance, ma puce ?
S’il le prenait comme ça…
- Je vous ai vus, hier soir.
Il sembla tomber des nues
- Qui nous ? Qu’est ce que tu as cru voir ?
Il fallait que ça sorte, à présent
- Laure et toi. Vous étiez… vous aviez l’air si proches. Jean-Paul, dis-moi, ce qu’elle est vraiment pour toi ?
- Tu veux savoir si je couche avec elle ? me lança-t-il sans plus de détours.
Je me vidai
- Oui ! Et depuis combien de temps ça dure et si ça a continué après notre mariage ! Sur-ce je fonçai me réfugier dans la salle de bain.
Il courut derrière moi en criant mon nom « Sally ! » et me rejoignit avant que j’aie eu le temps de m’y enfermer.
- Ma puce, qu’est ce tu vas chercher là ? Laure n’est qu’une amie, rien de plus. C’est aussi une très belle femme. Tu vas pas me reprocher d’aimer regarder les belles femmes ?! Si ?? Serais-tu jalouse, Sally ?
- Peut-être, admis-je à regret.
- Alors, faut pas. Tu me confonds pas avec Miguel ? Je peux te jurer que depuis qu’on se connaît, y a jamais eu d’autre femme et y en aura jamais. Tu me crois, là ?
Je demandais pas mieux et me jetai dans ses bras tandis qu’il me reprochait doucement
- Ne me refais jamais ça. J’ai horreur des femmes jalouses.
Un peu plus tard, nous avons reçu la visite surprise d’Abdoul qui venait nous annoncer la naissance de son fils Thomas. Ca tombait à pic pour finir de détendre l’atmosphère. Jean-Paul était content pour lui Ha-ha-ha, la grosse excuse ! Comme s’il savait pas qu’à Simland, c’est le premier qui se décide à faire la demande en mariage qui donne son nom. Mais les traditions ont la vie dure et faut reconnaître que c’est souvent les garçons qui demandent la main des filles. Surtout que d’après les statistiques, il naît plus de filles que de garçons, alors, forcément, ils n’ont que l’embarras du choix. Combien de fois j’ai pas entendu Vilma dire qu’elle trouvait ça dégueulasse. Mais force est de constater que c’est comme ça ; on refera pas le monde. Les hommes ont bavardé encore un peu, Jean-Paul, tout fier d’annoncer à Abdoul qu’il avait eu une promotion. Il était déjà tard quand Abdoul s’est décidé à rentrer en disant qu’il ne voulait pas laisser tout le travail à Dona. - Tu montes pas te coucher ma puce ? m’a demandé Jean-Paul, après avoir raccompagné Abdoul jusqu’à la boîte à lettres. -J’ose pas parler du portail, on n’en a pas encore, nous. Je tombai littéralement de fatigue quand je suis enfin montée me coucher. J’ai juste eu le temps de crier faiblement : Jean-Paul ! Et je me suis évanouie. Je sais pas combien de temps je suis restée là, étendue par terre. Quand j’ai repris mes esprits, il dormait toujours. Le lendemain, à mon réveil, Jean-Paul m’a annoncé qu’il avait revendu le banc de musculation et qu’avec l’argent et la prime de sa promotion il avait fait creuser une piscine. Paraît que ça donne de la valeur au terrain. On l’a inaugurée ensemble. C’est quand même plus agréable de se muscler dans ces conditions, mais ça va pas vite… malheureusement. Il avait également profité de mon sommeil pour finir de tapisser la chambre du bébé au rez-de-chaussée. Mère poule comme je suis, moi je l’aurais bien gardé dans notre chambre, mais j’ai suivi les conseils de mon mari. Non, là vraiment, il exagère ! Il se lève et il lâche une caisse ! En plus, ça le fait rire, ce cochon ! J’aurais terminé de toute façon, parce que –je sais pas si c’est l’odeur de la marée qui l’a inspiré, mais le bébé demandait à sortir. C’est une magnifique petite fille. Elle pèse 3 kg J’ai comme l’impression que Jean-Paul sera un papa formidable. Il est déjà fou de sa petite fille. Il a tout de suite demandé Nan La nuit même qui suivit le départ de la petite famille Damor, Vilma fit un rêve étrange : l’élixir de vie était désormais interdit. Un vrai cauchemar qui revenait en boucle et finit par la réveiller aux premiers rayons du soleil. Sa décision était prise. Et quand Vilma prenait une décision, c’était maintenant-tout de suite, sur le champ. Elle réveilla André en fanfare. André avait à peine eu le temps de réaliser, qu’elle avait déjà enfilé sa robe de mariée et jouait les tornades blanches - Ben, justement. C’est bien pourquoi je te dis de te grouiller, répliqua Vilma. Rho dis-donc, il est génial mon chapeau. Tu sais que j’ai fait toutes les boutiques de la ville pour trouver quelque chose d’original ? Et c’était pas facile, je te prie de croire, quand on passe après tout le monde... Et toi, Loulou, comment tu me trouves ? Je te plais comme ça ? - Mais oui, tu me plais. Tu me plais toujours, Vilma, tu le sais bien, répondit André tout en songeant :
- Wouah, un garçon ! Tu dois être vachement fier.
Je vois pas pourquoi il serait plus fier d’avoir un garçon qu’une fille, m’enfin… D’ailleurs Abdoul lui a bien dit
- Tu sais, ce truc là, c’est la loterie. J’aurais pris ce qui venait, de toute façon. Mais un fils, ça me déplait pas, il gardera le nom de famille.
- C’est que c’est prenant, un bébé, tu verras quand le tien sera là, a-t-il expliqué à Jean-Paul. En tous cas, le voilà prévenu !
J’aurais bien aimé, mais qui c’est qui aurait fait la vaisselle ? Pas question qu’il me laisse les assiettes à pourrir sur la table jusqu’à demain matin. Ca attire les mouches !
- Nan-nan, vaut mieux qu’il ait sa chambre. Ca sert à rien qu’on soit deux à se réveiller pour les biberons. T’inquiète, on l’entendra pleurer. Si j’en crois Abdoul, ils pleurent à s’égosiller.
J’espérais que la chambre, il l’avait prévue assez grande.
- Tu comprends, entre le lit et la table à langer, il faut aussi prévoir de la place pour qu’il puisse jouer.
Il rit
- Il est pas prêt de jouer, faudrait déjà qu’il soit né ! Mais t’en fais pas, j’ai prévu large. Enfin… autant que nos finances nous le permettaient.
- Hé-hé, respire-moi ça, Sally, ça sent la marée !
Moi, ça me faisait pas rire du tout.
- T’es dégoûtant, Jean-Paul ! T’es obligé de faire ça à table ? En tous cas j’ai fini de manger.
- Tu me la passes, Sally, tu me la passes ! et il s’est mis à jouer avec.
- Bonjour, mademoiselle Chloé, -nous étions d’accord pour le prénom- on fait risette à son papa ?
- Allez, debout Loulou, on se marie !
- Ben, alors, qu’est ce tu fabriques, t’es pas encore prêt ?
- Mais, attends, on est pas à la minute ! protesta André. Tu m’annonces ça, comme ça, au réveil. J’ai rien eu le temps d’organiser, moi !
LOULOU, JE TE PARLE !!
-Tu me plais, mais tu commences à me plaire à toujours faire ta loi comme ça. Depuis quand c’était la femme qui prenait les décisions et l’homme qui obéissait ? Enfin, il était parvenu à ses fins : dans quelques heures, elle serait SA femme. Après, il aurait tout son temps pour la modeler à sa façon et la remettre dans le droit chemin.