C/4 : Vivement que ça grandisse !

Sally était aux prises avec sa plomberie, elle ronchonnait, confondant la clé à molette et le marteau, et tapait de grands coups sur cette « cochonnerie de saleté de robinet ».
-L’embêtant avec la robinetterie bon marché, c’est que ça pète tout le temps. Remarque, je suis pas sûre que même en y mettant le prix… Mais y a fuite et fuite, et là c’est carrément les grandes eaux.

Han-nan, ça fait presque une heure que je me bats avec ce joint, ça fuit toujours. J’ai les pieds qui baignent dans la flotte, les manches trempées jusqu’aux coudes… Je voudrais bien économiser la dépense d’un réparateur, avec le prix qu’ils prennent pour se déplacer, ces voleurs. Mais… pourquoi je m’obstine, aussi ?
- Jean-Paul ! Jean-Paul, tu peux venir voir ici, s’il te plaît ?

Il est arrivé, notre petite Chloé dans les bras.
-Tu m’as appelé, ma puce ?
- Ah, t’es occupé ? Bon, quand t’auras fini, tu pourrais pas regarder à ce robinet ? Quand ça fuit pas d’un bord c’est de l’autre. J’ai l’impression de me battre contre un moulin à vent… à eau je devrais dire.

J’ai pas aimé, mais alors pas aimé du tout, l’ai goguenard qu’il a pris pour me répondre
- Aaaah les femmes et la mécanique ! Que deviendriez-vous sans nous ?
Alors je me suis acharnée et j’ai continué à taper comme une sourde, mais ça m’empêchait pas de l’entendre :
- Laisse, Sally, je vais le faire, voyons ! Je finis juste de donner le biberon.
J’étais assez fière de moi quand ça s’est enfin arrêté -par quel miracle ? Ca, mystère !
J’ai rengainé mon matériel, sorti mon balai-éponge et j’ai triomphé
- Pas la peine, c’est fait ! Et puis tu vois : pas besoin d’homme !
Nan-mais, faut arrêter de nous prendre pour des gourdes, un peu.

Le temps de mettre Chloé au lit –sa chambre est juste à côté de la cuisine, c’est pratique-, il se met à poil devant l’évier et il me sort :
- C’est réparé ? On peut s’en servir, alors ?
Et il commence à faire sa toilette avec l’éponge de cuisine. J’étais outrée.
- JEAN-PAUL ! On a pas de salle de bain, peut-être ?!  Imagine que quelqu’un entre.
- Ben quoi ? C’est la nature !
- C’est peut-être la nature, mais c’est archi-sale, ça. On se demande où t’as été élevé.
Nan, je vous jure, être crade à ce point là, faut le faire !

Heureusement que je suis intervenue, parce que la nounou est arrivée. Vous imaginez ce qu’elle aurait pensé en le trouvant dans la cuisine en simple appareil. Notre réputation en aurait pris un sacré coup. S’il se figure que c’est avec ce genre de manières qu’il va décrocher la mairie.

Je suis drôlement contente que Mandy m’ait donné les coordonnées de sa nounou. C’est vraiment une femme en qui on peut avoir toute confiance. Chloé l’a tout de suite adoptée. Ca me rassure, parce que reprendre le travail en laissant Chloé à n’importe qui, j’en aurais été malade.

Et puis Abdoul est passé nous rendre visite. Il ne voulait pas entrer, il avait juste traversé pour saluer Jean-Paul qui faisait quelques brasses dans la piscine. Mais Jean-Paul a insisté :
- Tu vas pas te sauver sans voir Sally,
- Nan, je voudrais pas la déranger, elle doit être occupée avec votre petite Chloé
- Cherche pas d’excuses, lui a conseillé, Jean-Paul. Si jamais elle sait que t’es passé sans lui dire un petit bonjour, elle sera pas contente, tu sais.

- Je voulais pas rentrer, s’est excusé Abdoul, je sais ce que c’est d’avoir un bébé à la maison, mais Jean-Paul m’a laissé entendre que tu m’en voudrais.
- Et comment ! C’est pas parce que je suis chargée de famille que j’ai plus de temps pour les amis. Tu vas bien manger un petit quelque chose avec nous : j’ai fait de la salade de gésiers., ai-je proposé.
- Tu vois ce que je te disais, a appuyé Jean-Paul. Sally, elle est comme moi : elle adore recevoir de la visite.

Puis il est allé aux nouvelles
-Alors, raconte. Quoi de neuf ? Ca va la petite famille ?
- Bof, la routine, tu sais : les couches, les biberons, les petites nuits… vivement que Thomas grandisse, c’est pas tellement intéressant à cet âge là.
- Et Dona ? m’inquiétai-je. C’est malheureux, on est voisines, on se voit jamais.
- Ah, Dona, depuis que Thomas est né, t’aurais bien de la chance de la voir. On fait plus que de se croiser. On a même plus le temps de se parler.
Je m’étonnai
- Comment ça ? Vous n’avez pas pris de nounou ?

Abdoul se récria
- Bien sûr que oui ! Mais, Dona prétend qu’elle est bonne à rien. Comment vous vous en sortez avec la vôtre ?
- Nous on a pris Cécile Dupré, la nounou que nous a conseillé Mandy. Elle est parfaite. Pourquoi vous l’avez pas demandée ?
- On a pas eu le choix, figure-toi ! Et je te prie de croire que je le regrette bien. Enfin, quand Thomas sera plus grand, peut-être que ça va s’arranger. Peut-être qu’elle aime pas les nourrissons.
- C’est incroyable ! C’est pas normal ! On devrait toujours avoir le choix, annonça Jean-Paul. Si un jour je suis élu maire, je ferai du ménage là-dedans. A bas la dictature des agences de placement !

- Ben vivement que tu deviennes maire, alors, c’est tout ce que je te souhaite, déclara Abdoul. T’en es où dans ta carrière, sans indiscrétion ?
- Je viens d’être nommé membre d’un lobby. On va te leur faire une campagne d’enfer. J’espère qu’on va leur foutre la pâtée du siècle. Rien que de penser à la tête que fera Dugenou si on lui sucre sa place de député, je rigole. Et toi, Abdoul ? Toujours à manager les jeunes loups ?

Abdoul retrouva le sourire pour nous informer
- Ah-non, c’est fini, ce temps là. J’ai été nommé directeur. Et on parle de moi pour la vice-présidence, mais c’est pas encore officiel, ajouta-t-il. Alors, t’en parles pas, vu ?!
J’arrive pas à comprendre Abdoul. Pourquoi il en parle à Jean-Paul ? Depuis le temps qu’il se connaissent, il devrait quand même bien savoir qu’il a jamais su tenir sa langue. Il me fait bien rire quand il affirme
- Tu peux me faire confiance. Je suis une vraie tombe !
D’ailleurs, rien qu’à voir sa tête, je crois qu’Abdoul s’est rendu compte de la boulette. J’ai préféré changer de conversation.
- Tu veux voir Chloé ?

Jean-Paul sauta sur l’occasion
- Elle est dans sa chambre, viens, je te montre !
J’ai pas entendu ce qu’ils se sont dit. Mais Jean-Paul m’a raconté :
Paraîtrait qu’Abdoul trouve que Dona passe beaucoup trop de temps auprès de Thomas. J’avoue que j’ai un peu de mal à le comprendre.

Mais je comprends mieux la réflexion de Jean-Paul, quand ils sont ressortis de la chambre :
- Ben-non, tu vois, Sally et moi, c’est toujours le grand amour.
Et la réponse d’Abdoul
- C’est peut-être moi qui suis trop exigeant Je t’admire Jean-Paul, c’est pas facile de partager celle qu’on aime, même avec son propre enfant.

On pouvait pas dire qu’il pétait la joie quand il rentrait du travail. Nan, ça aurait été mentir. Taiiin, rien qu’à la pensée de la corvée qui l’attendait derrière la porte, il aurait pu, il aurait campé au boulot. Mais-bon, hein, quand le vin est tiré… y a plus qu’à se taper la bouteille.

Ca l’aurait étonné, Laurène attendait son retour, le cul sur une chaise, en priant le ciel qu’il prenne le relais.
-Ah, te voilà Miguel, pas trop tôt. Tu pourras t’occuper des filles ? Moi je suis crevée.
-Minute, j’ai mon bain à prendre. Je te rappelle que je bosse dans une supérette et que je me coltine des caisses à trimballer. Pas la peine de me sauter sur le paletot.
Surtout pas lui demander comment s’est passée sa journée, elle va encore jouer les martyres.

Qu’est ce qu’elle raconte ?
- Miguel, tu te magnes de prendre ton bain, je voudrais bien aller me coucher, moi. Tu mettras Jenny sur le pot avant de la mettre au lit. Oublie pas de laver la baignoire et puis tu déboucheras les chiottes. Ils sont encore bouchés. Ah, et puis tu seras gentil de faire la vaisselle. On t’avait gardé des sandwiches, mais comme t’as tardé à rentrer.
TAIIIIN, pas moyen de se laver peinard. Fallait toujours qu’elle lui sorte une liste de trucs chiants à faire longue comme un calendrier des pompiers.
- Oui-bon-hein ! Ca va aller ? T’es sûre que faut pas que je passe la serpillière aussi ?
Il aurait jamais dû dire ça, ça lui avait donné l’idée.
- Ben, ça serait pas mal si tu le faisais.

-Nan-mais, attends ! Tu me prends pour qui ? Le pot, les chiottes, la vaisselle… Ho-HO-HOOO !!!
Heureusement qu’Angie a eu pitié.
- Laisse papa. Je vais la faire, moi, la vaisselle !

Heureusement qu’on l’a, Angie, c’est sûr. Elle fait ce qu’elle peut pour aider, mais... c’est pas gratuit. Y a la contrepartie : Elle me tanne pour que je joue avec elle à des jeux à la con de pierre/feuille/ciseaux et tutti quanti. En plus elle gagne ! Forcément, elle a l’habitude, elle fait que ça à la récré, et moi j’aime pas perdre.
Ah, vivement demain, que ça grandisse tout ça et qu’on soit débarrassés du tintouin. Surtout que y a l’autre qui va se pointer d’ici deux/trois jours.
Qui sait ? Ca sera peut-être un petit mec, cette fois.

Comments

[Jyreka]

J'ai bien ris! Tout commence à se mettre bien en place c'est chouette, j'ai hate que les enfants se rencontrent entre eux^^ Ca promet!

[Sylvania]

Ah, j'adore ce Miguel ! Avec lui, on ne s'ennuit pas devant son écran ! Il finirait presque par me faire de la peine, avec tous ses malheurs, mais bon, j'ai dit "presque" !
Et puis, merci pour le lien vers ma petite ville où je m'essaie à ton superbe challenge, c'est un bonheur de faire partie de la petite grande famille des auteurs d'histoires de sims...

[Shirshasana]

Et voilà comme je suis folle le matin je me jette sous la douche puis juste après sur mon ordi voir s'il y a des MAJ, tout en avalant un petit dej devant l'écran! Il va falloir que je pense à me faire soigner.
Mais bon, j'ai bien rigolé : le coup de Jean-Paul se lavant à l'éponge (mais lui au moins il le fait chez lui, pas comme mon sims qui le fait en plein RDV sur un terrain communaitaure!) et Miguel qui se fait sauter dessus pour les corvées trop drôle!
Si je vous dis que je suis complètement accro je crois que ça resume bien la situation!
Bon ma fille se réveille, je file m'occuper d'elle.

PS : merci pour l'adresse du hack maternité.
A+ Fonsine!