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Simettes sous influence

Simettes sous influence
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9 mai 2008

E/2 : La complainte de Miguel

1Jeux

Tain, je vous jure que faut se pousser pour rentrer à la maison. Chez les autres, ça respire le calme, le petit confort pépère. Tiens chez Jean-Paul, -il a une veine de cocu l’animal- c’est réglé comme du papier à musique : on mange à l’heure, leur gamine débarrasse la table, elle joue toute seule dans son coin… leur fout la paix. Leur gamin pareil, tout content qu’il est d’avoir appris tout ce qui pouvait apprendre à son âge. Bref, sont peinards. Pas de braillements, pas de « Pôpaaaa ! Wendy, elle veut pas jouer avec moi ! Mômaaaan ! Jenny elle a pris la place sur le bureau, où je les pose moi, mes devoirs ? » et…

2croquettes

Nondediou ! L’autre qui bouffe dans la gamelle du chien. Tu crois que tu verrais ça, chez les Pullaire ? Y a que chez nous qu’on voit des trucs pareils.

- Laurèèène, qu’est ce tu fous ?! Tu peux pas surveiller ta fille, un peu ?

3tortiller

Ah-nan mais Laurène, comme je dis, c’est feignasse et compagnie. Ca pense qu’à se tartiner de fond de teint et à tortiller du derrière au bureau. Depuis qu’elle travaille dans les jeux vidéo, soi-disant que faut qu’elle présente bien. Ca, elle s’en occupe de sa présentation, je vous prie de croire. C’est pas à se demander comment elle les décroche ses promotions. Nous les mecs on a pas cette veine, notre physique c’est pas pris en compte. Remarquez, avec la panse que je tiens en ce moment…

4Angie

Bref, heureusement qu’on a Angie. C’est pas parce que c’est ma fille, mais c’est une reine du ménage Angie. Va-z-y qu’elle fait la vaisselle, va-z-y qu’elle nettoie la salle de bain...

5amuse

Et avec ça, un rien l’amuse. Voilà-t-y pas qu’elle s’est découvert une passion pour le bricolage en débouchant les chiottes que les autres stremons avaient bouchées en les bourrant de papier-cul. Tant qu’elle trouve ça amusant, je vais pas me battre pour le faire à sa place. Chacun est libre de prendre son pied comme il veut.

6connaissance

C’est comme pour ses aspirations. Elle veut faire des études. A quoi ça sert quand on a la veine d’être une jolie fille comme elle ? Je vous le demande. Elle a qu’à se trouver un mari plein aux as, elle aura la belle vie, -pas comme moi ! M’enfin, le mari plein aux as, ça peut aussi se trouver à l’université. C’est bourré de fils à papa, là-bas, -à ce qui paraît. Nan, moi j’y ai jamais mis les pieds. J’ai que mon brevet de natation.

7natation

Ah-mais, faut pas rigoler avec ça, c’t’hyper-important d’avoir son brevet de natation dans la vie. Sinon, comment je pourrais espérer maigrir sans douleur ?
Quand on me laisse essayer ! Et c’est pas si souvent, croyez-moi.

snapshot_922df2dc_152b9fd3

Parce que quand c’est pas le Manu, à qui faut apprendre le pot… le reste on s’en fout, mais le pot, c’est in-dis-pen-sable pour qu’il arrête de nous tanner avec ses couches –que j’aime autant vous dire qu’elles sont loin de sentir la rose. Fin, quand c’est pas après le fiston qu’on en a, c’est après les filles qui nous inventent connerie sur connerie...

8sauter

- Wendy ! T’y tiens tant que ça à bousiller tes chaussons dans la flotte ?! Je te préviens, je t’en payerai pas d’autres. Quand ils bailleront du bec et de partout, t’iras nu-pieds !
Dire que ça nous a fait une comédie pas possible pour les avoir, ces chaussons-pattes-d’ours !

9retard

C’est bien simple, les emmerdes ça te prend au vol des mouches du petit déj’ et ça te colle au train jusqu’au vol des lucioles du souper. Ca commence avec les gamines qu’ont si bien joué à kiki laissera pas la place à l’autre dans la salle de bain que faut les emmener à l’école en voiture, pasqu’évidemment, elles ont encore raté le bus de ramassage scolaire.

10Portiere

- Doucement avec la portière, wendy !
Ca va ? Z’avez rien oublié ? Vos devoirs sont dans votre poche ?
Je vous préviens : Pas question que je fasse demi-tour !

11valable

- JENNY BON SANG !! Qu’est ce que je viens de dire ? DOUCEMENT avec la portière ! Ce que je dis pour l’une, c’est valable aussi pour l’autre. Vous respectez rien, vous-z-autres ! Je me suis pas crevé au boulot pour que vous me bousilliez Ma bagnole. Vous faites ce que vous voulez de vos affaires, mes les miennes, vous les respectez.

12bagnole

Nan-mais c’est vrai, faut pas charrier. Cette bagnole, on a fait tous les garagistes du coin, on s’est épluché des pages et des pages de petites annonces avec Laurène pour la trouver, faudrait pas qu’elles nous la déglinguent non plus.

13kilometres

Moteur diesel, 125 000 Km garantis d’origine, quatre roues motrices bidirectionnelles, jantes alliage 14’’ 5 branches,  radio CD MP3 avec volant multifonction, phares antibrouillard, téléphone mains libres, lave-glace électrique, peinture personnalisée… c’est quand même pas rien ! J’ai fait bricoler le moteur pour qu’elle puisse atteindre les 200 Km/h. Malheureusement, z’ont limité la vitesse à 50, ces enfoirés. Obligé de se traîner comme une limace. Si c’est pas dommage !

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CHEZ LEFRIC
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14sociable

Mon Thomas est très sociable et sans préjugés. Il en apporte la preuve tous les jours. Il est le seul de toute l’école à avoir accepté de copiner avec la petite Fontaine, une gamine dont la famille est connue dans le quartier sous le nom « Les lapins Fontaine ». Je ne sais pas ce qui leur a valu ce sobriquet, peut-être parce que le père a la réputation d’être un chaud lapin ?

15preferererais

Enfin, je ne doute pas qu’elle soit très gentille la pauvre gamine, -qui n’est pas gâtée par la nature, il faut bien le dire, d’où sa mise à l’écart à l’école- mais je préfèrerais tout de même le voir me ramener de l’école les filles de mes amies. Ce n’est pas pour rien qu’on avait décidé de toutes habiter dans le même quartier : c’était pour que nos enfants se rencontrent, jouent ensemble, apprennent à se connaître, pour que plus tard –qui sait ?- ils se fréquentent pour le bon motif. Mais là… laisse tomber !

16pedro

Thomas a un autre ami : Pedro Sanlezadon. Un beau garçon, d’origine espagnole, qui fait son jogging devant chez nous tous les matins. Je crois que je peux avancer sans médire qu’il a fait la conquête de Laurène, quand nous avons fêté l’anniversaire de Matthieu.

17amies

Pour l’occasion, j’avais invité Laurène et Sally. Mandy et Vilma s’étaient excusées de ne pouvoir venir. Je ne leur en veux pas, notez bien, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. Laurène mangeait littéralement Pedro des yeux. C’en était même un peu gênant. Pas que Miguel soit le mari idéal, mais je n’aimerais pas me trouver mêlée -de près ou de loin-, à une histoire d’adultère.

18bougies

Je me suis empressée de faire souffler les bougies à Matthieu
afin de pouvoir prendre congé de Pedro.

18souffler

Non seulement Matthieu a bien grandi, mais tout le monde s’accordait à dire
que la fête était plutôt sympa cette fois.

19bain

Abdoul a proposé
- Dona, si tu veux rester avec tes amies, ne te prive pas. Je vais m’occuper de Matthieu.
Ca me gênait un peu
- Tu es sûr ? Tu devais pas travailler ton charisme ?
- Tsst, tsst ! Pour une fois que je suis là et que je peux te soulager un peu, mon charisme attendra.
Il sait être adorable quand il veut.

20lendemain

Il faut dire –mais ce n’est pas pour diminuer ses mérites- qu’il avait bon espoir que notre petite folie de la veille ait porté ses fruits, cette fois. Je devais d’ailleurs en avoir la confirmation dans la nuit en me retrouvant affublée du pyjama bleu, l e plus fiable des tests de grossesse.

21Jacuzzi

C’est ainsi que nous-nous sommes retrouvées, Laurène, Sally et moi, à discuter dans le jacuzzi.
Sally a attaqué, d’emblée
- Dis-donc Laurène, il m’a semblé que t’en faisais des tonnes avec Pedro. T’es sûre que Miguel aurait apprécié ?
- Oublie Miguel, il est bien où il est ! Pour une fois que je peux m’amuser, je vais surtout pas m’en priver, a répliqué Laurène.

22intervenue

Je suis intervenue
- Il y a s’amuser et s’amuser. Tu mènes ta vie comme tu veux, mais j’aimerais autant que ça se passe ailleurs que chez moi.
Laurène a ri
- Rho les filles, je faisais rien de mal ! Je l’ai juste un peu allumé. Savoir qu’on peut encore séduire, ça vous remonte sacrément le moral.
J’ai demandé
- Pourquoi ? T’avais pas le moral ? C’est pas la joie avec Miguel ?

snapshot_91c595fb_73f962b2

- Pff, Miguel… Ca vous inspirerait, vous, de vous retrouver avec le bonhomme Michelin ? Qu’il commence donc par perdre son ventre, après on en reparlera. Je préfère les hommes athlétiques, moi !
Sally et moi nous sommes regardées, et j’ai interrogé
- Comme… Pedro ?
- Ben-oui, admit Laurène sans complexe. Y a plus mal, non ?

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27 novembre 2007

E/1 : Le pique-assiette

A4chose

S’il y a une chose que je ne supporte pas, c’est bien d’avoir quelqu’un dans mes jambes quand je fais la cuisine. Mais ça, bien sûr, Miguel ne pouvait pas le savoir. Il avait accepté l’invitation à dîner avec un empressement qui me ferait dire qu’il n’attendait que ça. Cette façon qu’il a de s’incruster après le coucher du soleil, c’est aussi parlant qu’une pancarte « quand est-ce qu’on mange ? ». Il était donc piqué là, à jouer les mouches du coche.
- Je peux t’aider à faire quelque chose ?

A4cotes

- Elle en a de la chance Laurène, d’avoir un mari qui l’aide à faire la cuisine, lui ai-je lancé en guise de compliment. C’était pourtant pas l’envie qui me manquait de lui demander de se pousser de là. Il ne voyait donc pas qu’il gênait ?
- Oui-bof… c’est pas que je coure après, mais tu vois, je suis un peu coincé dans ce coin… elle est pas très grande ta cuisine Sally.
Aaah, tout s’expliquait ! C’est pas lui qui me gênait, c’était moi qui bouchais le passage !

A4faisbon

- Qu’est ce que tu nous prépares de bon ? demanda-t-il la mine gourmande.
- Des côtes de porc aux brocolis et aux chou rouge, c’est une recette que m’a passée Vilma.
Apparemment, il ne courait pas après non plus, vu la tête qu’il a tirée et le soupçon de désappointement que j’ai cru déceler dans son :
- Ah-bon !
Je me crus obligée de lui demander :
- Pourquoi ? T’en as déjà mangé ? T’aimes pas ça ?
Mais s’il comptait que j’allais lui faire un plat spécial, il se faisait des illusions.
- Ha-nan, chez nous c’est pizza, nouilles ou hamburgers. Laurène sait faire que ça. Tu m’étonnes que j’ai pris du ventre !
Il aurait dit autre chose… c’était pas sans se remarquer. Mais ça ne pouvait pas mieux tomber. J’ordonnai :
- Hé-ben, tu vas y goûter ! Le chou et les brocolis ça doit être bon pour la ligne. André n’a pas pris un gramme depuis qu’ils sont mariés. Allez viens ! On passe à table.

A4fete

Pendant tout le repas, je fis semblant de ne pas remarquer les grimaces qu’il faisait chaque fois qu’il avalait une bouchée et alors que nous avions terminé, il était encore devant son assiette. Il nous apprit qu’Angie avait fêté son anniversaire. Ca avait l’air de lui faire vraiment plaisir que sa fille ait bien grandi, mais je n’ai pas aimé la façon qu’il a eue de déclarer comme si ça coulait de source.
- On va enfin pouvoir souffler un peu !
- Pourquoi ? demanda Jean-Paul, elle était si dure que ça comme gamine ? J’avais pourtant le souvenir qu’elle était plutôt de bonne composition.
- Ah-mais elle EST de bonne composition, comme tu dis ! C’est bien pour ça qu’on va pouvoir respirer. Elle va pouvoir nous donner un sacré coup de main pour les corvées. Parce que Laurène, je vous dis pas, mais comme feignasse…

A4mine

Je n’aime pas, mais alors pas du tout qu’on critique mes amies,
surtout quand elles ne sont pas là pour se défendre. J’y allais de ma petite pique :
- Hé-ben, comme ça vous faites la paire !
Ca a jeté un froid.

A4photos

Jean-Paul a fait ce qu’il a pu pour détendre l’atmosphère qui était devenue pesante.
- Heu… ça c’est bien passé, l’anniversaire ? T’aurais pas des photos à nous montrer ?
Miguel retrouva le sourire.
- Si-si, je dois en avoir une ou deux dans mon portefeuille.
Quand il sortit le dit portefeuille, je notai qu’il n’était pas très garni en simflouze. Si c’était là toute sa fortune, ils ne devaient pas rouler sur l’or.

A4superbe

- Je vous avertis, vous allez pas en revenir de ce qu’elle est belle ! annonça Miguel en produisant une photo. L’œil de Jean-Paul s’alluma
- Fais voir ! Fais voir !
Il s’éteignit aussitôt et il me tendit la photo avec pour tout commentaire.
- Rha dis-donc, qu’est ce qu’elle te ressemble, Miguel ! Tu trouves pas qu’elle lui ressemble, Sally ?
Ca, pour lui ressembler… A mon avis elle dépareillera pas parmi les townies de Felicidad. Enfin, la beauté ne fait pas tout. Je suggérai :
- T’en aurais pas une autre ? On la voit pas très bien. C’est un peu sombre chez vous. –Ca lui apprendra à critiquer ma cuisine.

A4voirmanu

- Ah-mais si, j’ai aussi une photo de l’anniversaire de Manu, dit Miguel en fouillant de nouveau dans son portefeuille. Parce que je vous ai pas dit ? Il a grandi aussi le petit !
Est ce qu’on lui demandait une photo de Manu ? On s’est extasiés, comme de juste -mais nôtre Axel est mille fois plus beau-
- Rhooo, qu’il est mignon ! Mais t’en aurais pas une autre d’Angie, qu’on se rende mieux compte ?
Il nous avait annoncé une beauté, on demandait à voir.

A5acroire

Il sortit une autre photo, comme à regret, annonçant :
- Là, c’est son mauvais profil.
De fait…
- C’est drôle, commenta Jean-Paul, on dirait qu’elle ressemble à Laurène sur celle-là.
- Moui… admit Miguel. Elle a hérité de son nez !
Je me retins de lui dire que la chirurgie esthétique faisait des merveilles de nos jours laissant Jean-Paul conclure :
- Un beau clocher n’a jamais dépareillé un joli village.
Ca lui sert d’avoir appris à baratiner devant le miroir. Je suis sure qu’il n’en pense pas un mot !

27 novembre 2007

D/10 : Non-lieu !

A1cria

Dès que Sarah avait débarrassé le plancher, André s’était mis en devoir de tirer au clair toute cette affaire de militaire, de tarte aux fruits rouges et de mains serrées…. Oui-bon, le dossier d’accusation était un peu maigrichon, il devait bien l’avouer, mais fallait bien faire avec les éléments de l’enquête. Pas sa faute si la bonne  faisait un piètre agent double.
Mais où était donc passée Vilma ? Il avait parcouru toute la maison en vain, elle n’était ni au rez-de-chaussée, ni dans la salle de bain des enfants ni dans la chambre d’Hervé.
- VILMA !! Cria-t-il d’un ton autoritaire, Vilma où tu te caches, bon sang ?!

A1jardin

Croyez qu’elle se donnerait le mal de répondre ? Il fallut qu’il aille la dénicher au fin fond du jardin derrière la maison. Il attaqua d’emblée :
- Ah, te voilà, quand même !
Au ton de sa voix, elle sentit qu’il y avait de l’orage dans l’air.
- Tu me cherchais, Loulou ? demanda-t-elle l’air innocent.
Mais c’est pas à André qu’on allait apprendre qu’il ne faut jamais se fier à l’air. Il connaissait la chanson.

A2connard

Il retint la question qui lui brûlait les lèvres : C’était qui ce connard à qui tu cuisines des tartes aux fruits rouges alors que moi,  j’ai droit au chou rouge et aux brocolis immangeables ?
Nan, trop long ! La tarte aux fruits rouges, ça pouvait attendre. C’était qui ce connard ? suffirait dans un premier temps.
- Quand je rentre du travail alors que t’as eu toute la journée pour glandouiller sur le canapé, j’aimerais bien te trouver à la maison pour m’accueillir, accusa-t-il.
Cherchez pas le rapport, y en a pas. Ca c’était la tactique André : ruser, ne pas attaquer l’ennemi de front, ne pas dévoiler toutes ses batteries. Et puis parler de tarte aux fruits rouges dont il n’était pas censé avoir connaissance, c’était avouer implicitement qu’il avait un espion dans le nid conjugal.

A2enumere

- Glandouiller sur le canapé ! riposta Vilma. Ah, j’aimerais bien, tiens ! Tu veux que je t’énumère tout ce que j’ai fait aujourd’hui ?!
Ah-oui, tiens, bonne idée ! On allait voir si elle allait lui parler du beau militaire.
- Je me suis tapé le nettoyage de la niche et des paniers, j’ai donné le bain aux chiens, j’ai nettoyé les mares de pisse qu’ils avaient fait sur le trottoir, j’ai donné le biberon à Hervé… t’en as assez ou je continue ?
Elle embraya sans attendre la réponse : j’ai fait le parcours du combattant, -je parie que t’as même pas remarqué qu’on m’avait livré ma récompense professionnelle- j’ai changé Hervé, bien que je déteste ça, je lui ai redonné le biberon… tu sais combien de biberons ça s’enfile un nouveau-né ? Tu veux que je te fasses le compte ?
Nan-nan, ça suffisait de tourner autour du pot. Fallait crever l’abcès maintenant.

A2explications

Il explosa :
- Parce que tu crois que moi je me suis reposé, peut-être ! Tu sais ce que c’est de se farcir les clients du restaurant ? Est ce que je te parle du mal de dos que je me paye à force de faire des courbettes ? Est ce que je te parle des casse-couilles à qui il manque toujours quelque chose : du pain, de l’eau, du sel, du poivre, de la moutarde... de ceux qui mettent une plombe à se décider entre les crevettes au citron vert et le poulet rôti, pendant que tu fais le pied de grue avec ton carnet à la main. Quand ils te demandent pas de leur détailler la recette du chef par le menu pour finir par commander un plat de macaronis au gratin.
Il gesticulait dans tous les sens, levait les bras au ciel, haussait le ton… l’avait tout l’air du type au bout du rouleau, excédé par une dure journée de frustrations.

A2mine

BON ! Ca commençait à bien faire, le cinéma ! Les démêlés d’André avec les clients, elle n’avait pas à en subir les conséquences. Mais si c’était à cause de ça qu’il était remonté comme un réveil, l’allait falloir qu’il se calme ! 
En femme avisée, elle fit mine de compatir.
- T’énerve pas mon Loulou. Je sais bien que c’est pas toujours facile. Mais que veux-tu, chacun sa croix.
Et sur ces bonnes paroles, elle le planta dans le jardin et rentra à la maison.

A2passer

Ah-mais nan ! Ce procès prenait une drôle de tournure. C’était pas du tout comme ça qu’il avait envisagé les choses. Depuis quand on voit l’accusée quitter le box lavée de tout soupçon, sans que le juge ait eu le temps de prononcer la sentence ? Avant même qu’on ait pu poser la question : avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ? On n’avait même pas effleuré les motifs d’accusation. C’est tout dire.
Bon, fallait admettre qu’il avait mal mené le bazar. Il s’était un peu égaré dans des voies parallèles qui n’avaient que peu de rapport avec l’affaire, pour pas dire aucun. Maiiiiis il n’était pas encore trop tard pour redresser la barre.
- Vilma ! Vilma attends-moi ! Te sauve pas ! lança-t-il en lui emboîtant le pas.

A3bouquin

Il la retrouva en train de lire un bouquin, comme quelqu’un qui aurait eu la conscience tranquille.
- Heu… Sarah devrait plus tarder à rentrer maintenant. Serait peut-être temps de faire la cuisine, insinua-t-il, espérant par ce biais revenir à la tarte aux fruits rouges et en remontant le fil, aboutir à la question cruciale. Mais Vilma ne l’aidait pas vraiment.
- Pas la peine ! Il reste des côtes de porc de ce midi dans le frigo, annonça-t-elle en continuant à lire, imperturbable.

A3cotes

Des côtes de p… avouez que fallait se retenir de lui sortir : Et de la tarte aux fruits rouges ? N’en reste pas de la tarte aux fruits rouges ?! C’est réservé à l’autre connard ? Et d’ailleurs, c’était qui, ce connard ?!
Bien lui prit de garder sa langue, car Vilma, toujours tranquille, annonça :
- Tiens au fait, comme tu t’en occupais pas, j’ai vendu Karma.

A3Karma

- Karma ? Tu te fiches de qui, là ? Elle était encore dans le jardin, y a pas cinq minutes, releva André qui avait entrepris de mettre la table à contre-cœur. Décidément, elle avait pas compris qu’il était l’heure de manger et pas de bouquiner, nom d’un chien !

A3que

- Si tu me laissais le temps de t’expliquer, tu comprendrais, coupa Vilma. J’avais parlé à un collègue de travail qu’on cherchait à la vendre et il est venu m’annoncer qu’il avait trouvé un acheteur.
- Il pouvait pas venir lui-même, l’acheteur ? répliqua André, toujours soupçonneux.
Vilma, pas démontée pour deux sous :
- Nan, il pouvait pas ! Mais ils ont discuté du prix et il est d’accord, pour 4000$. J’ai dit que nous en voulions 5 000$, on en débattra quand il viendra la chercher demain matin. Du coup, j’ai fait un gâteau pour mon collègue. Nous débarrasser de ce boulet, on lui devait bien ça.

A3restait

Oooh qu’il avait eu le nez fin de ne pas entamer le procès ! Oooh qu’il aurait eu l’air bête ! Tout s’expliquait : C’était bien un collègue de travail, et ce que racontait Vilma corroborait les dires de la bonne. Celle-là, il lui en toucherait deux mots à la première occasion. C’était quoi ces façons d’insinuer le mal ? Elle avait bien besoin d’insister sur le fait qu’il était beau gosse le collègue… tiens, Vilma avait omis ce détail IMPORTANT. L’allait quand même falloir surveiller ça de près. Mais pas maintenant, parce que Sarah-Poupougne était rentrée se jetant sur cette cochonnerie de côtes de porc au chou rouge et aux brocolis comme si c’était du homard.
- Miam ! Des côtes de porc, mon régal !

A4ballade

- Ca s’est bien passé ta ballade ? T’as fait de nouvelles rencontres ? Interrogea André.
- Ouais, je m’a fait une copine.
- Dans le quartier ? s’enquit Vilma. Comment elle s’appelle ta copine ?
- Chloé Pullaire. Sa mère elle travaille dans la police et son père… chais pô trop ce qu’il fait, précisa Sarah. Peut-être qu’il travaille pô, ou alors il était en congés, parce qu’il nous a montré à sauter dans les flaques. Moi je savais déjà, ajouta-t-elle fière d’elle, mais Chloé, chais pô pourquoi, elle a dit que c’était une bêtise.
- Parce que c’en est une !  appuya André.
Toute trace de fierté effacée, elle lâcha en piquant du nez dans son assiette
- Ah-bon ? Ch’savais pô.

A3betises

- Parce que t’en as jamais fait toi des bêtises, quand t’étais gamin ? accusa Vilma.
Rha, ça ressemblait à quoi de le contredire devant Sarah ? Comme si c’était une raison pour  que les gosses le fassent aussi !
- Nan ! Enfin… quand j’étais gamin, comme tu dis, il pleuvait jamais; je les aurais trouvées où les flaques ? Hein ?!
- T’as jamais sauté dans les flaques de la salle de bain ? T’étais exceptionnel ou tu veux pas t’en souvenir ? TOUS les gamins font ça ! renchérit Vilma.
Et va-z’y qu’elle en remettait une couche ! Il avertit :
- Je sais pas quelle éducation il compte donner à sa fille le Jean-Paul, mais ICI c’est interdit ! Tiens-toi le pour dit, Sarah. Y a d’autres moyens de s’amuser… ta petite gazinière en plastique, par exemple.

A3gaziniere

- Je l’aime pô ma petite gazinière ! C’est juste pour faire semblant, c’est pas drôle ! dit Sarah en sortant de table.
- Tu l’aimes p… mais-nan, c’est pas juste pour faire semblant ! Tu peux te faire cuire des vraies brioches qui se mangent !
Elle lui avait même pas expliqué ça, sa mère ? A quoi elle pensait donc, Vilma ?

A3laver

Sarah piqua sa colère.
- Oui-ben chuis sure-sure que même, c’est pas aussi marrant ! J’en voulais pô de la gazinière, c’est même pô ça que j’avais demandé à mon naniversaire !
- Tu l’as peut-être pas demandée, mais tu l’as ! Et tu vas me faire le plaisir de t’en servir ! Ca va pas faire comme le kiosque à limonade ! rugit André. C’est bien toi qui l’as voulu, le kiosque à limonade ?! Et qui c’est qui va perdre de l’argent quand on va le revendre demain matin ? HEIN ?!!

A3tupeux

- Tu peux pas lui fiche la paix avec ta gazinière ? T’es pas surpris, nan ? Elle te l’avait bien dit qu’elle en voulait pas, insista Vilma.
Ah-ben… ah-ben puisqu’elle trouvait ça bien… Il capitula de guerre lasse.
- Bon, fais ce que tu veux : saute dans les flaques ! saute sur le lit ! C’est pas mon problème. Mais tu viendras pas te plaindre si t’attrapes une suée !

A4baignoire

Il faut reconnaître que parfois, Sarah savait obéir aux ordres de son père avec empressement.

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22 novembre 2007

Conjugal D/9 : Avis de tempête

CA1abdoul

S’il se figurait qu’il suffisait de le décider pour avoir un autre enfant et que j’allais me retrouver avec un ventre rond et les batteries à plat parce que nous l’avions décidé, Abdoul se faisait des illusions. Il faut dire que pour nos deux garçons chaque coup d’essai avait marqué son but. Abdoul, qui ne supportait pas de se trouver en situation d’échec en était bouleversé au-delà du raisonnable.
- Enfin c’est pas normal ça quand même ! Faudrait peut-être que tu consultes un médecin, me lança-t-il un soir au beau milieu du repas alors qu’il y avait trois jours que nous mettions la moindre occasion à profit pour essayer de faire un bébé.

CA1interroger

C’était malin ! Il avait affolé Thomas qui s’inquiétait à mon sujet.
- C’est quoi qui est pas normal, papa ? Qu’est ce qu’il lui arrive à maman ? Elle est malade ?
Je n’en crus pas mes yeux quand Abdoul entreprit de lui expliquer.
- Nan, elle va bien, mais le moule a bébés semble cassé.
- Il est dans son ventre le moule à bébés ? Il va lui ouvrir le ventre le docteur ? interrogea Thomas, deux fois plus inquiet qu’avant les explications.

CA1intervenir

Il était temps que j’intervienne.
- Nan, mon ventre va très bien, ne t’inquiète pas. Il y a simplement que ton papa est un peu fatigué en ce moment. Il n’est plus aussi performant. C’est peut-être lui qui devrait aller voir un médecin. Un médecin de la tête précisai-je en me tournant vers Abdoul. Ca ne tourne pas rond là-haut ! Je peux demander à Laurène l’adresse du sien si tu veux.

CA1medecin

- Comment il fait le médecin de la tête ? demanda alors Thomas. Il l’ouvre avec un couteau ?
Je crois que nous allons devoir le priver de télé pendant quelques temps. Il est trop impressionnable et il nous fait une overdose d’ « Urgences ». Il faut dire qu’à part l’ophtalmo pour ses lunettes, il n’a jamais eu affaire au médecin de Felicidad.

CA1truc

A son tour, Abdoul me lança un regard réprobateur et se mit en devoir de rectifier :
- Nan-nan, c’est un docteur très gentil qui tombe du ciel comme le père Noël. Mais il apporte pas de cadeaux. Il a un appareil à spirales et il t’hypnotise pour te remettre les idées en place. Tu sens absolument rien et après t’es soulagé. Mais c’est pas demain la veille qu’on le verra à la maison. Je suis pas dingo, quoique puisse en dire maman.
En tous cas, il ne fut plus question de me faire examiner.

CA1bbmath

La petite déception qui avait suivi la naissance de Mathieu fut vite oubliée. Il faut dire que Mathieu est un enfant très facile à vivre, calme, souriant, un amour de bébé. C’est à peine si nous avons eu le temps de nous rendre compte qu’il grandissait.

CA2chambrebb

Nous n’avons pas commis l’erreur de le prendre dans notre chambre comme Thomas. Mais bien qu’Abdoul ait suggéré de mettre son lit au rez-de-chaussée, j’ai tenu à lui installer une chambre à l’étage à proximité de la nôtre. Je me faisais déjà violence en acceptant de m’en séparer la nuit et je tenais à le garder près de moi afin d’être prête à intervenir au moindre problème.

CA2discussion

Mon tempérament de « mère poule » comme disait Abdoul, n’était pas sans susciter des discussions à la maison. J’avais pris deux jours de congés de maternité afin de veiller sur Mathieu ne tenant pas à le confier à Karelle. Je gardais en mémoire le jour où j’avais retrouvé Thomas allongé sur le sol de la cuisine, entouré de biberons moisis. Abdoul m’aida du mieux qu’il put, mais il devait travailler son charisme et disposait de peu de temps. Il m’incita à reprendre le travail.

CA2enfin

- Mais enfin, Dona, tu vas le couver pendant combien de temps encore ? Il est en pleine forme ce petit, ça crève les yeux. Il en mourra pas si tu le confies à une nourrice. Regarde Thomas, est ce qu’il a l’air traumatisé ?
C’était le moment de lui avouer mes projets.

CA2projet

Il me reste encore plein de jours de congés de Thomas. Je pourrais les utiliser et on n’aurait plus besoin de faire venir cette bonne à rien de Karelle Lawson. Elle s’en occupe pas des bébés, elle passe son temps à lire le journal, regarder la télévision, jouer aux échecs et à se faire cuire des homards… quand elle te pique pas ton flouze, et tu crois qu’elle prendrait la peine d’arroser les arbres pour qu’il repousse ? Même pas !

CA2tonflouze

Thomas était offusqué. Il savait le mal qu’on se donnait à entretenir les arbres à sous pour qu’Abdoul ait le plaisir de le ramasser en rentrant du travail.
- C’est vrai, papa ? Elle te pique ton flouze la nounou ?
- Ca a dû arriver une fois ou deux, admit-il. Mais maintenant on prend nos précautions : on enlève la porte !

CA3dunpratique

J’embrayai :
-  C’est d’un pratique !
Et j’expliquai à Thomas qui ouvrait des yeux ronds :
- Parce qu’elle est maligne, la Karelle. On avait bien essayé de verrouiller la porte, mais elle avait senti le vent venir : elle s’est fait faire un double des clés. Et encore, si elle faisait correctement son travail, on pourrait fermer les yeux, mais c’est pas le cas ! Et puis de l’argent, va nous en falloir si je veux monter ma propre affaire.

CA3lache

Le mot était lâché.
- Tu penses à monter une affaire ? s’étonna Abdoul, mais tu m’as jamais parlé de ça ! Une affaire de quoi, d’abord ?
- Un salon de coiffure à domicile. Tu savais pas que j’avais un brevet de coiffure ?
Ben je te l’apprend ! Il y a un petit moment que j’y pense, mais pour t’en parler, encore faudrait-il qu’on puisse se voir autrement qu’en coup de vent entre deux rendez-vous pour tes clients.
- Faut rien exagérer… commença Abdoul, mais puisque l’heure était aux reproches, je poursuivis sur ma lancée.

CA3reproche

- C’est vrai, on te voit jamais. Tu rentres à des heures impossibles et quand t’es pas complètement crevé, tu fais des heures sup à la maison : le charisme, la logique… ça sera quoi après ? La créativité ? Le physique ?
- Je t’en prie Dona, pas devant Thomas, coupa Abdoul. On peut en parler tranquillement entre adultes.
Je me sentis prise en faute constatant que mon petit Thomas semblait mal à l’aise sur sa chaise. C’était la première fois que nous-nous disputions devant lui.

CA4canape

Nous finîmes le repas dans un silence gêné. Ca ressemblait à quoi de lui faire une scène pareille ? Ne m’avait-il pas toujours assuré que s’il tenait tant à faire fortune c’était pour moi avant tout, pour que je soies fière de lui, pour que je ne manque de rien et que nos enfants ne connaissent pas les privations dont nous avions l’un et l’autre souffert dans notre jeunesse ?
Je m’en voulus d’autant plus quand il vint s’asseoir près de moi sur le canapé en m’interrogeant d’une voix douce :
- Alors Dona, si tu m’expliquais cette histoire d’entreprise.

CA4entreprise

J’expliquai :
- C’est une idée qui m’était venue quand tu as fait les transformations dans la maison. Comme le garage ne sert à rien, je m’étais dit qu’on pourrait y installer un salon de coiffure. Ca me permettrait de rester à la maison avec les enfants tout en continuant à gagner de l’argent.
On ne peut pas dire qu’il débordait d’enthousiasme.
- Mmm, je sais pas si ça serait vraiment rentable ton affaire. Tu sais, les commerces à domicile c’est du gagne-petit, j’en connais plus qui font faillite qu’autre chose. Mais si tu y tiens vraiment… il ne sera pas dit que je t’aurais empêché de suivre ta vocation.

CA4exception

J’étais soulagée qu’il accepte mais je ne partageais pas son point de vue concernant la rentabilité de la chose.
- Nan, je t’assure qu’on peut se faire pas mal d’argent si on sait y faire. J’ai quelques notions d’esthétisme et de visagisme et t’as vu la tête des habitants de Felicidad ? Ils auraient bien besoin qu’on s’occupe de leur cas. Je pourrais aussi leur proposer des séances de relookage, il me faudrait un stock de vêtements…
- Tu t’emballes pas un peu vite ? s’inquiéta Abdoul. Je croyais que tu voulais un troisième bébé. Tu y as renoncé ?

CA4renoncer

Je m’empressai de le détromper.
- Ah-mais nan, j’espère bien en avoir un autre. C’est justement… est ce que tu crois que ça vaut le coup que j’aille travailler à l’extérieur avec trois enfants en bas âge ? Surtout que, t’as bien dû remarquer que je brillais pas spécialement sur le stade. Le foot, ça m’a jamais plu tu sais bien.
Il était bien forcé de l’admettre. Mais il me fit une proposition :
- Ecoute Dona, ça serait un peu ridicule de tout plaquer sur un échec. Tiens, je te propose une chose : tu retournes au travail une journée, une seule avant l’anniversaire de Mathieu et ensuite tu pourras profiter de tes congés de maternité et penser à ton affaire. Je suis certain que tu te sous-estimes. Tu vas l’avoir ta promotion. Ca serait quand même bête de perdre l’argent de la prime et tu toucheras davantage d’indemnités pour tes congés.
Quand il s’agit d’argent, on peut lui faire confiance : il sait bien calculer.

CA5dormir

Cette nuit là, après avoir scellé notre réconciliation sur l’oreiller, j’ai dormi d’un sommeil paisible. Une journée de travail et je serais libérée du stade et du foot. Il fallait que je soies en forme si je voulais décrocher cette fichue promotion.

CA5espoir

Et le lendemain… j’étais fière de pouvoir annoncer à Thomas que j’avais été nommée espoir du foot et surtout que maintenant je serais toujours à la maison. J’essayai de savoir comment s’était passé sa journée avec la nounou.
- Ca c’est bien passé avec Karelle ? Elle t’a pas trop embêté ? Elle s’est bien occupée de Mathieu ?   

CA5nounou

- Elle s’appelle pas Karelle, m’apprit-il, elle s’appelle Karine. Mais elle doivent être toutes pareilles les nounous, parce que tu sais maman, elle aussi elle a volé les billets de papa. Je l’ai vue !
Rha, les nounous, quelle sale engeance ! Pas une pour racheter l’autre. Heureusement qu’on en sera bientôt débarrassés !

7 novembre 2007

D/8 : La nouvelle génération

F6promueinspecteur

Il faisait un soleil radieux quand je suis partie au travail, et je rentre, il pleut ! Dire que j’ai passé ma journée enfermée dans un bureau étriqué et malodorant à écouter les blagues éculées d’Abdel Bailly et les jérémiades de Laurent Marques. Enfin, j’ai pas tout à fait perdu ma journée puisque me voilà promue inspecteur.

F6retour

C’est bien le meilleur moment accueillie par ma petite Chloé.
- Maman, maman, t’es enfin rentrée !
Je me retiens de sourire. Je sais bien que mon absence n’a pas dû lui peser beaucoup, mais ça fait du bien de penser que je lui ai manqué un peu. Je m’inquiète :
- T’es pas restée toute seule ? Tu t’es fait des amis au moins ?
Je ne voudrais pas que, sérieuse comme elle l’est, elle se trouve perdue quand elle devra aller à l’école lundi.

F6vu

Elle s’est empressée de me rassurer
- Ha-nan, j’ai vu tonton Miguel. Il est là avec papa, ils font les fous dans la chambre d’Axel.
Ca ne m’étonne qu’à moitié de Miguel. Mais je ne pensais pas à tonton Miguel en parlant d’amis.
- Tonton Miguel est bien gentil, mais il est un peu vieux pour toi. Je voulais dire… tu n’as pas fait d’amis de ton âge ?
- J’ai fini ma journée, madame Pullaire. Pfff, quand monsieur le député est là, c’est pas de tout repos ! a lancé Lucie en empochant ses gages.
A qui le dit-elle ?

F7AHSI

- Ah-si, j’ai fait une copine. Elle passait devant chez nous juste quand tonton Miguel est arrivé. Comme tu m’avais dit de saluer les passants, je l’ai fait. Mais je te signale que tonton Miguel a failli écraser la lumière du jardin. Il arrêtait pas de rouspéter : « Mais-heu ! A-t-on idée de foutre ça dans le passage ?! » m’a informée Chloé.
Je jetai un œil sur le spot, ça va, il était encore entier. J’interrogeai :
- Comment elle s’appelle, ta copine ? Elle est gentille au moins ?

F7Andrefille

- Elle s’appelle Sarah Doniste, elle habite la grande maison avec les grilles au bout de la rue et elle est très gentille, m’apprit Chloé.
Je m’écriai :
- Sarah Doniste ? Mais c’est la fille d’André et Vilma ! Tu dis qu’elle est gentille ? Elle tient de sa mère alors. De quoi vous avez parlé ?

F7blague

- Oh-ben déjà, elle connaît tout plein de blagues de l’armée que sa maman lui a racontées, on a bien rigolé.
Des blagues de l’armée ? Ah-ben, ça devait être beau ! Je préférai rester dans l’ignorance poursuivant mon interrogatoire.
- Mais vous ne vous êtes pas raconté des blagues toute la journée ? Elle t’a parlé de sa famille ? Comment va sa mère ? Et son petit frère ? Tu sais qu’elle a un petit frère, comme toi ?

F7conversation

- Elle m’a juste dit qu’il allait fêter son anniversaire bientôt et qu’après son papa et sa maman allaient partir en Italie dans un grand bateau.
Voilà qui me surprenait un peu.
- En Italie ?! Mais… Vilma était d’accord ?
- Ben, c’est son papa qui dit ça. Parce que sa maman, elle a peur en avion, alors il a pensé qu’elle préfèrerait y aller en bateau.
Ca m’étonnerait que Vilma soit partante. Si elle croyait qu’il oublierait son histoire de trésor, elle se faisait des illusions, la pauvre. Cette idée aussi de lui raconter n’importe quoi. Je me demande comment elle va s’en tirer cette fois.

F7danser

Enfin, je n’allais pas rentrer dans les détails. Je continuai à demander à Chloé des nouvelles de sa journée.
- Mais, vous n’avez pas fait que de discuter ? Qu’est ce que vous avez fait de beau ?
- Je lui ai appris à danser le smustle, tu sais, comme j’ai vu faire papa à mon anniversaire.

F7gendarme

- Et puis après, on a joué au gendarme et au voleur. J’étais le gendarme maman, comme toi !
Hé-hé, je vois que l’histoire du super gendarme que je lui lisais quand elle était petite est restée gravée dans son esprit.

F7jouer

- Et puis on a joué gentiment à trois petits chats.
Tout ça c’était bien beau, mais j’aurais préféré qu’elles profitent un peu du soleil. Je protestai :
- Mais vous êtes restées tout le temps à la maison ? Vous n’êtes pas allées jouer un peu dehors ?

F7photo

- Si-si ! Même qu’on a pris des photos !
Mais on y est pas restées tellement longtemps parce qu’il s’est mis à pleuvoir.

F7Sauter

- Papa, il nous a montré qu’on pouvait jouer à sauter dans les flaques, mais j’étais pas trop d’accord pour salir mes collants. Je suis sure que c’est une bêtise ! Hein, maman, sauter dans les flaques, c’est une bêtise ?
J’approuvai :
- Oui ma puce, t’as raison : c’est une bêtise.
Dire que Chloé est plus raisonnable que Jean-Paul ! Il n’a pas peur que ses électrices le prennent pour un guignol, le député ? Remarque, ça surprendrait personne, y a longtemps qu’ils sont au courant que la politique c’est le guignol des grands

F8Arbre

A croire que j’avais pensé tout haut, car Chloé a précisé.
- Mais il s’était caché derrière la maison, hein ! Il a pas fait ça devant tout le monde.
Alors, nous on a préféré faire de la gymnastique pour frimer.
J’ai fait la roue, des galipettes, le poirier…

F8encore

- Elle est encore là, Sarah ? m’informai-je.
- Ah-ben-nan, elle a profité qu’il pleuve presque plus pour rentrer chez elle. Mais elle m’a dit qu’on se reverrait demain à l’école et puis, y a encore tonton Miguel.
Ah lui, ça m’aurait étonnée ! Tant qu’on n’est pas passés à table…

F8embrasser

Je me décidai à rentrer pour le saluer. Dès qu’il m’aperçut Jean-Paul vint m’embrasser amoureusement comme s’il ne vivait que pour ce moment. J’ignorais que je lui avais manqué à ce point là – à moins qu’il n’ait eu hâte de me voir endosser à nouveau le rôle de la parfaite secrétaire, et là, il pouvait toujours se brosser. Je m’étais fait le serment de le laisser aux prises avec les excitées de son fan club, qu’il se débrouille ! J’avais ma carrière aussi à mener et quand je serais ultra-sim, car je serais ultra-sim un jour, j’aurais enfin le sentiment d’être payée toutes ces frustrations qu’il m’avait imposées.

F8grandamour

- Toujours le grand amour, à ce que je vois ! commenta Miguel, une pointe de regret dans la voix. Le jour où il saura se satisfaire de ce qu’il a ne s’était pas encore levé, semblait-il.
Jean-Paul, peut-être autant pour le convaincre que pour s’en persuader lui-même :
- Me dis pas que tu crois à ces histoires de crise des 7 ans de mariage, Sally et moi n’avons jamais été aussi proches. Une femme charmante, des enfants adorables… qu’est ce que tu voudrais de mieux ? Il s’enquit : Pourquoi ? Toi c’est pas la joie avec Laurène ?

F8Joie

Miguel se laissa choir sur le canapé en prenant un air de martyre.
- La joie ? Ben-nan tu vois, je dirais pas ça. Si tu te figures que c’est la joie de la voir
toujours en cloque et le pire… le pire c’est que maintenant, faut se les empayer les gamines !

F8Martyre

Je suis pas méchante, -enfin, je crois pas- mais rien que de le voir vautré sur le canapé, je me suis retenue d’aller le secouer pour lui faire quitter sa tête de martyre en lui sortant ses quatre vérités :
- Et pour Laurène, tu te figures que c’est la joie ?! Elles t’ont pas trop fatiguées les gamines aujourd’hui à ce que je sais, vu que t’as passé tout ton temps avec ton pote Jean-Paul. Et puis si t’avais pas fait tout un cinéma pour avoir un fils, vous n’en seriez peut-être pas là. Maintenant que tu l’as, tu voudrais quoi ?
J’ai préféré aller me doucher, le temps d’entendre Jean-Paul lui dire :
- Puisque Sally est rentrée, tu vas bien rester manger avec nous.

*****************

F8loto

Avec cette grossesse qui n’en finissait pas je me sentais laide, j’aurais voulu changer de vêtements ou du moins rentrer à nouveau dans mes robes qui plaisaient tant à Abdoul. Tout ce que j’avais pu faire, c’était changer de coiffure. Ces nouveaux gels anti frisottements faisaient merveille et mes cheveux ressemblaient à présent à de véritables baguettes de tambour. Une étape nécessaire pour parvenir à mes fins, mais qui n’arrangeait pas mon moral.
Nous désespérions tous de voir naître le bébé. Thomas ne supportait plus d’être fils unique, il faisait plein de projets pour quand le petit frère serait né. Il désirait un frère au moins autant que je souhaitais une fille. Du moins, quel que soit le résultat du loto, pouvait-on être assurés que l’un de nous remporterait le gros lot.

F8matthieu

And the winner is...
A défaut de combler mes attentes, la naissance de Thomas a au moins fait un heureux.
Je peux même dire deux, car Abdoul n'était pas peu fier de ses deux garçons.

F9decue

Abdoul se montra très compréhensif. Je l'avais tellement bassiné à le traîner au rayon des bébés filles quand nous faisions les achats de naissance qu'il savait qu'un second garçon ne faisait pas partie de mes projets.
- T'es pas trop déçue ma choute ?
- Un peu, avouai-je, mais j'ajoutai en soupirant : Enfin, le principal c'est que le bébé soit en bonne santé et qu'il fête son anniversaire.
C'est alors qu'approchant sa bouche de mon oreille il me susurra :
- On pourrait la tenter, cette fille.

F9fille

Je dois être un peu cinglée. Comme si ma dernière grossesse ne m'avait pas suffit !
Je l'ai laissé me basculer sur le canapé et nous avons retenté notre chance profitant
de ce que Thomas était occupé à faire ses devoirs dans sa chambre.

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17 septembre 2007

D/7 : On nage en plein drame

F1travailler

Toute la matinée, Sarah avait guetté le client. Vilma avait même dû se fâcher pour qu’elle accepte de venir manger. Elle voulait vendre sa limonade, elle vendrait sa limonade. C’est qu’elle avait du caractère la gamine, faut dire que les parents n’en manquaient pas. Mais les clients n’étaient vraiment pas sympas. Ils jetaient un coup d’œil indifférent au stand et allaient directement s’installer dans le bain à remous sans jamais demander à boire.

F1travaillerbis

A force, elle commençait à en avoir marre de jouer à la marchande toute seule. C’était pourtant pas faute de leur avoir fait l’article :
- Venez goûter ma limonade ! C’est par là la bonne limonade que c’est moi que je l’ai faite toute seule ! Même que j’y ai mis des vrais citrons, pas du sirop !
Peut-être qu’elle est trop acide ? Peut-être qu’elle est pas assez sucrée ? Peut-être que y a pas assez de citrons ?  Mais elle avait beau rectifier le dosage plus souvent qu’à son tour, y avait toujours pas d’amateurs.

F1travaillerter

Ah-si, y en avait eu un. Il avait bu une gorgée et il l’avait recrachée sur le champ, en lui reprochant :.
- T’as pas enlevé les pépins ?!
- Ben-nan, hein, les pépins c’est pour faire voir que c’est des vrais citrons.
- Mais t’es folle ? Tu veux qu’on s’étouffe ? Et si on avalait de travers ? On serait obligés d’aller à l’hôpital, de subir une trachéotomie, et puis peut-être qu’on attraperait une maladie nosocomiale à l’hôpital, la fièvre, le délire et pour finir la chambre froide à la morgue. Tu te rends pas compte ?!
Un optimiste ça ne fait pas l’ombre d’un doute.

F2flaques

Devant tant de responsabilités qu’elle se trouvait trop jeune pour assumer, elle avait abandonné le kiosque à limonade pour une nouvelle activité : Sauter dans les flaques dont Thor et Karma couvraient allègrement le trottoir. Si c’était pas plus rentable, ça  avait au moins le mérite d’être amusant et de ne pas mettre en péril la survie de l’humanité. Ainsi tomba à l’eau sa petite entreprise. Elle se prit à penser qu’elle gagnerait plus à faire de la musique. Faudrait demander à papa qu’il lui achète un piano ou une guitare.
Comme on peut le constater, elle tenait de son père pour les envies ruineuses et de sa mère pour changer d’avis comme de chemise.

F2pirate

Sarah-poupougne faisait preuve d’un tempérament enjoué et très imaginatif quand il s’agissait de se distraire
- Je serais le capitaine Némo. Je plongerais avec mon sous-marin. Plouf !

F3Anne

- Je serais la femme de Barbe-bleue : Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Je ne vois que le soleil qui poudroie et … PAPAAAA !!!

F3apercevoir

Papa qui s’était dépêché de rentrer du travail pour aller cuisiner la bonne. S’agissait pas qu’elle se sauve pour aller à un rendez-vous et qu’il reste sur sa faim comme la veille.
Qu’est ce qu’elle avait à lui apprendre ? Qu’est ce qui se passait dans cette maison pendant qu’il était occupé à placer  les clients au restaurant avec force courbettes ? Même s’il la redoutait, il voulait savoir la vérité, rien que la vérité, mais toute la vérité.

F3danser

- PAPA !! Tu veux bien m’apprendre à danser, dis papa ? Hein-dis, papa ? Tu me montres comment on danse ?
C’était pas le moment de la contrarier s’il voulait qu’ils soient copains, même si se faire marcher sur les pieds c’était pas tellement son truc. Et puis, il avait autre chose à faire, non d’un Sim !
Il céda au caprice cherchant le moyen d’y mettre un terme honorablement et trouva :
- T’as peut-être des devoirs à faire ?
- Beuh-nan, hein ! J’ai grandi un samedi, tu te rappelles pas ? J’ai pas école le dimanche, ‘reuzement. 
Raté ! Mais il n’était pas à bout de ressources.
-Ben alors, fais autre chose : joue à la maison de poupée, fais-toi cuire une petite brioche sur la belle gazinière en plastique que papa t’a achetée en plus du kiosque. Elle te plaît pas la belle gazinière ?
- Bof !

F3lucie

- Ben alors, joue avec les chiens, va prendre un bain à bulles, va sauter sur ton lit, installe-toi devant un dessin animé à la télé, jongle avec les bouteilles du frigo… Papa n’a pas le temps, tu comprends ma chérie ? Il a quelque chose de super important à faire.
LUCIE !!

F3luciebis

- C’est à moi que vous parlez, monsieur André ? interrogea Lucie
- Ben-oui, à vous ! Vous en connaissez beaucoup des Lucie dans cette maison ?  * Rha-nan je vous jure, les femmes et leur petit pois de cervelle ! * Vous n’aviez pas quelque chose à me dire ? Ca a un rapport avec notre petit arrangement ?

F3payer

- Ben-oui, je suis un peu à court d’argent en ce moment. Vous comprenez, j’ai un nouveau petit ami, alors il m’invite à sortir, on va en boîte, au restaurant, tout ça... et alors moi, j’ai regardé dans mon armoire, j’ai qu’une robe : celle-là. Et puis je suis comme tout le monde, j’aimerais bien en changer de temps en temps et me payer des nouvelles chaussures pour aller avec et peut-être aussi un petit bijou, oh, pas grand-chose, un petit collier avec peut-être les boucles d’oreilles assort…
- BON ! C’est de l’argent que vous voulez ?! aboya André en sortant un billet de sa poche. Et pas la peine de me remercier, dites-moi ce que vous avez à me dire qu’on en finisse !

F3Pourboire

- Ben… vous m’aviez bien demandé de vous avertir si madame Vilma recevait des hommes, dit la bonne en empochant les 10 $ de pourboire que ce radin d’André lui avait glissé dans la main.
- Oui-oui ! s’empressa-t-il de répondre. Alors ? Elle a quelqu’un ? Elle reçoit un homme ? J’en étais sûr ! Racontez-moi et surtout ne me cachez rien, je suis prêt à tout entendre. Je m’en doutais de toute façon.

F3voir

Lucie n’était pas une mauvaise fille, mais elle avait des frais : le petit ami, les sorties, la garde-robe… bon, je vais pas vous re-dresser le topo. Elle avait vu dans la proposition d’André le moyen de se faire du rab d’argent de poche, mais que pouvait-elle bien lui dire qu’il ait l’impression d’en avoir pour son argent ? Elle ne voulait pas de mal à Vilma, mais si elle avait pu lui donner matière à ragots de temps en temps, ça aurait bien arrangé ses affaires. Or Vilma était désespérément sage. Et voilà qu’hier, pour la première fois depuis une longue semaine…
- Madame Vilma a reçu un homme pendant que vous étiez au travail ! révéla-t-elle.

F4Ami

Bon sang, que c’était dur à entendre ! Même s’il s’en doutait depuis toujours. Le démon de la jalousie lui grignota les entrailles. Mais il était juste et impartial –de son point de vue. Il voulut donner toutes ses chances à l’accusée. Elle avait peut-être des circonstances atténuantes.
- Un homme ? Vous l’aviez déjà vu ? Je le connais ? C’est pas un de nos amis : Jean-Paul, Miguel ou Abdoul ? Ne me dites pas qu’elle a vu Joë ?!
* Si jamais ce petit con de Joë avait le malheur de se pointer ici en son absence…

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Lucie le détrompa :
- Nan-nan, c’était pas un de ceux-là. Je l’avais jamais vu avant, c’était un homme… pas mal, ma foi, bien bronzé, avec un bel uniforme…
Il ne sera pas dit qu’en tant que juge, André n’aurait pas examiné toutes les pièces de l’instruction. Un uniforme ? Mais alors ?? Bon-sang, mais c’est bien sûr !   
- Sans doute un collègue qu’elle a ramené du travail, lâcha-t-il avant de se rappeler que Vilma ne travaillait pas ce jour là. Il voulut quand même s’en assurer.
- Elle était habillée, comment, madame ?
- Elle avait son petit costume rose et jaune… Au fait vous savez pas où elle l’a eu ? J’aimerais bien m’en payer un dans ce genre là, mais ça dépend, parce que peut-être que c’est de la marque, il a l’air bien taillé à voir comme ça, il a dû coûter cher…
BON ! Le doute n’était plus permis.

F4manger

- Mais ils ont… coupa-t-il, je veux dire, il est rentré dans la maison ou ils se sont contentés de discuter dans le jardin ?
Voyez jusqu’où pouvait aller sa volonté de donner toutes ses chances à l’accusée.
- Ah-nan-nan, il est rentré ! Même qu’elle lui a fait une tarte au fruits rouges, qui sentait bien bon, ma foi.
Une tarte au f… Ca c’était le comble ! Pourquoi elle lui en faisait jamais à lui, des tartes aux fruits rouges ? C’était autrement meilleur que les côtes de porc au chou rouge. Mais bref, c’était pas la question.
- Et après ? Ils ont fait quoi ?
- Après quoi ? Une fois qu’ils ont mangé, leur part de tarte ?
- Ouiiii, ils ont fait quoi, après ? s’impatienta André.

F4separer

- Je crois bien qu’ils en ont repris une autre.
Il commençait à bouillir, le gars André.
- Oui-mais, après-après. Quand ils ont eu fini le plat, ils ont fait quoi ?! Ils sont montés à l’étage ? Son cœur se serrait à cette pensée. Une petite boule de haine s’insinua sournoisement , puis jouant les arrivistes, s’imposa, prit toute la place. Quand enfin, Lucie avoua :
- Nan ! Ils se sont dit au-revoir en se serrant la main.

F4voulez

En se serrant la main ! Et… c’est tout ? C’était tout ce qu’elle avait à lui dire ? Il n’avait pas l’impression d’en avoir eu pour son argent.
- Mais-heeeeuuuuuh ! Vous m’avez dit : la vérité, rien que la vérité ! Je vais quand même pas inventer ! se défendit Lucie.
Et elle garda l’argent, estimant qu’elle l’avait bien gagné, tandis qu’André se promettait d’avoir une petite explication avec Vilma : C’était qui ce type, d’abord ?

F5demander

Il était sur le point de poser la question à sa femme, quand Sarah demanda :
- Papa, je peux aller me promener ? Hein-dis, je peux sortir, papa ? Et ce que je peux aller me promener ?
Ce besoin qu’elle avait de répéter cent fois la même chose.
- Oui, tu peux ! Mais pas trop longtemps !
Finalement, ça l’arrangeait bien. Mieux valait régler leur affaire hors de sa présence.

************

F5lacorvee

- Jean-Paul, quand tu auras fini de déboucher, tu pourras sortir les poubelles ? Faut que je me prépare pour le travail.
Travailler le dimanche, c’est pas la joie ! J’aurais bien préféré rester en famille avec mon petit mari et les enfants. Mais à la brigade des douanes on n’a pas le choix, c’est le dimanche qu’on fait le meilleur rendement, avec tous ces retours de vacances. On a eu vent d’un trafic de souvenirs et puis d’un pirate qui se plaint qu’on lui a chipé son trésor. Ca rigole pas.

F5sortir

- Je peux les sortir moi les poubelles, si tu veux maman !
Ma petite Chloé…ah-ça, elle tient pas de son père niveau propreté ! Maniaaaaque ! Toujours avec sa petite éponge sans qu’on lui demande rien, toujours à guetter l’assiette sale pour aller la laver dans l’évier… faudrait quand même pas qu’elle nous fasse une fixation sur la saleté, je crains que l’image du père en prenne un coup. J’ai oui-dire que les enfants excessivement propres supportaient mal que leurs parents ne le soient pas. Et puis le ménage c’est pas de son âge, elle aura toute la vie pour ça. Je préfèrerais la voir s’amuser.

F5viens

- Viens Chloé, viens danser un peu avec maman !
Ca, j’étais bien sûre qu’elle ne refuserait pas : Ils ont la danse dans le sang mes enfants. Il n’y a qu’à voir Axel se tortiller au son de la musique. Parce que chez nous, le transistor est presque toujours allumé, ça nous permet de faire quelques exercices dès qu’on a un moment de libre… enfin, je parle pour moi toujours, parce que Jean-Paul lui, préfère nettement danser le smustle.

F6apprendre

Il sait déjà marcher mon bébé, le croiriez-vous ? Jean-Paul n’a pas perdu de temps, il lui a appris le soir-même de son anniversaire. Je dois dire que le lait futé a joué un rôle non négligeable dans la vitesse d’apprentissage. Et il est presque propre à présent, son papa se fait fort qu’il aille tout seul sur son pot avant la fin du week-end. Pour une fois qu’il est à la maison, il va pouvoir s’occuper des enfants.

F6aurevoir

- Allez au-revoir mon petit chéri, on fait un petit câlin à maman qui doit aller à son travail ?
Tu vas être sage avec papa, je compte sur toi.
Ce qu’il est craquant, ce petit amour !

F6dechirement

Le quitter m’est un vrai déchirement. Elles ne connaissent pas leur chance, les femmes qui peuvent se permettre de rester à la maison pour élever leurs enfants. Si je n’avais pas ce vieux rêve de devenir ultra-sim qui me poursuit… et si je n’avais pas Jean-Paul pour me le rappeler à la moindre occasion… enfin, ça ne sert à rien d’avoir des regrets : j’ai choisi. Il n’est plus temps. Mais quand même, ça me fait bien suer !

F6journal

- Chloé ma chérie, ne reste pas calfeutrée à la maison, profite du soleil, va jouer un peu dehors ! Tu pourras peut-être faire de nouvelles rencontres ? Il y a tout plein d’enfants maintenant dans le lotissement.
- Oui maman.
- Tu promets ? Tu essayeras de te faire des amis ?
- Oui maman, promis !
Rha, elle m’inquiète ! Elle est trop sérieuse comme gamine. Je vais pas être tranquille.

12 septembre 2007

D/6 : Vous voulez qu'il vous dise ?

G1hate

Mandy n’avait qu’une hâte : accoucher. Quand le bébé serait là, elle se promettait de reprendre son travail au plus vite. On avait beau vanter les mérites du métier de mère au foyer, elle préférait le laisser à d’autres. Quelles satisfactions pouvait-on bien trouver à faire du ménage toute la sainte journée ? Bien sûr, il y avait les enfants mais les enfants ça n’a pas besoin qu’on soit tout le temps sur leur dos. Audrey était une grande fille à présent, elle lui avait montré comment s’organiser pour faire ses devoirs, c’était la cerise sur le gâteau de son éducation. Dire qu’il allait encore falloir passer de longues journées avec le suivant. Elle soupira.

G2bras

- Bonjour ma chérie !
Elle sursauta. Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas entendu venir Joë.
- Oh tu m’as fait peur ! s’exclama-t-elle.
- Normal ! Je suis le grand méchant qui va te dévorer toute crue, dit-il en lui saisissant le bras qu’il couvrit de petits baisers promenant ses lèvres en remontant du poignet jusqu’au creux de son cou.

G2embrasser

Ce n’est qu’après qu’il se furent embrassés passionnément qu’elle s’aperçut que Joë avait pris de la brioche. S’il y avait une chose qu’elle ne supportait pas plus chez un homme que chez elle, c’était bien l’excès de poids.
- Mais ! C’est moi qui porte le bébé, ou c’est toi ? Tu veux faire concurrence à Miguel ? T’as intérêt à te mettre au sport si tu veux continuer à me plaire, prévint-elle en constatant les dégâts.

G2supporter

Joë promit de s’en occuper dès qu’il aurait un moment de libre et Mandy alla retrouver Audrey dans sa chambre pour l’aider à se préparer pour l’école.
Il en profita pour avaler une pâtisserie fourrée en douce. Mandy lui aurait sans doute fait remarquer que ce n’était pas indiqué pour sa ligne, mais il adorait les pâtisseries fourrées. Et puis…
- Au point où j’en suis ! se dit-il, un peu plus un peu moins… ça ne ferait jamais que quelques grammes de plus à perdre.

G3promesses

Il tint promesse, s’activant sur l’appareil de musculation dès son retour du travail et jusqu’à une heure avancée de la soirée. Mais lorsqu’il alla se coucher il avait retrouvé sa ligne.

G3reveille

Il était au bord de l’épuisement lorsqu’il se glissa dans les draps et s’endormit comme une masse, mais bientôt son sommeil fut troublé par des gémissements étouffés qu’il ne sut pas interpréter. Rha, Mandy ne pouvait pas faire moins de bruit ? Il attrapa drap et couvertures et se retourna dans son lit, s’efforçant de prolonger son sommeil.

G4accoucher

Mandy avait beau serrer les dents, elle ne put retenir un cri lorsque le moment de l’accouchement se précisa.

G4herve

Et elle finit par donner naissance à un petit magnifique petit garçon qui ressemblait à sa sœur trait pour trait. Joë ne s’était aperçu de rien. Tout juste avait-il protesté :
- Mandy, tu peux pas faire un peu moins de bruit ? J’essaye de dormir, moi !

********************

G5maison

Tain, ça y était z’étaient réveillées ! C’était pas la peine de demander, ça s’entendait !
Lui qu’avait eu la chance de se faire réformer pour l’armée, il coupait pas au réveil en fanfare. Enfin la chance… il l’avait un peu provoquée quand même !  Z’allez pas me dire que pour rater les tests d’admission il y  avait pas mis un peu du sien.
- Mais vous avez le QI d’une huître ! qu’il s’était écrié le colonel emmardaillé qui supervisait tout ça.
Il lui avait cassé deux dents.
C’était pas tant le QI d’huître qui les avait gênés à l’armée que son comportement « rebelle à toute discipline » comme ils l’avaient laissé entendre. M’enfin bref, le fait était qu’il avait pas fait l’armée et qu’il se serait bien passé d’entendre brailler les adjudants dès le matin.

G6Helga

C’est Helga qui avait donné le signal. Cette gamine, c’est pire que la sirène d’alarme incendie. Quand elle ouvre le four, je suis sûr qu’on doit l’entendre jusque chez les Tudy. Et t’auras beau lui gueuler : La ferme, si tu continues je t’en envoie une qui va te faire pigner pour quelque chose !  Penses-tu ! Quand elle a enclenché le son, y a plus moyen de la débrancher. Elle réveille les autres, forcément !

G6manu

Je l’ai installée devant la maison de poupée, croyant avoir la paix. C’était sans compter sur Wendy qui veut pas que la petite touche à ça.
- Oooohnaaaaannnn ! Elle va tout nous casser ! Elle est trop petite !
- Si elle la casse je vous en payerai une autre ! Pour une fois qu’elle se tient tranquille, va pas nous casser les bonbons. Que je lui ai répondu du tac au tac. Si j’avais pris le temps de réfléchir, c’est pas ça que j’aurais dû lui dire. J’aurais dû lui dire : Et alors ?! C’est toi qui l’a payée, la maison de poupée ? Mais dans ces coups de temps, on a pas toujours la répartie qui faudrait. Et bien sûr tout ça, c’était pas pour que Manu puisse continuer à pioncer peinard.

G6Plus

Ben voulez qu’il vous dise ? C’était bien lui le plus mignon, tiens !
- Hein mon Manu, c’est toi le plus mignon ? Au moins, toi quand tu pleures et que tu cries, y a pas trop de questions à se poser, on sait pourquoi : soit c’est que t’as faim, soit c’est que t’es sale. C’est pas comme ces bécasses… ça ricane pour un rien et quand ça ricane pas, ça crie. Tendez deux minutes : C’EST PAS BIENTÔT FINI DE FAIRE LA JAVA DANS LA SALLE DE BAIN, NON ?!

G6recoucher

- Allez, viens par là mon mignon. Poupa va t’installer dans l’entrée, loin de la bande d’excitées du matin. Rhalala, y se pointe bientôt le bus scolaire qu’on respire ?!
Depuis quèk temps, ça pue le médicament dans cette baraque, trouvez pas ? On se croirait dans un couloir d’hôpital. Et y a pas que l’odeur qui m’y fait penser, on entend même les malades crachoter, se racler la gorge, voire glavioter. Pas sûr que ça soye bien hygiénique pour Manu, tout ça.

G7ailleurs

- T’entends Laurène ?! Tu peux pas cracher tes poumons ailleurs ? Tu crois que c’est hygiénique, ça ? Déjà que t’as refilé ton rhume à Jenny, tu veux que tout le monde en profite ?
- Je les crache où je peux ! On voit bien que c’est pas toi qui souffres.
- Ah-mais fallait pas aller faire la circulation de nuit à ton rond-point sous la pluie, ma belle. T’as chopé le rhume… te plains pas, t’aurais pu attraper la crève. Mais maintenant, aux jeux vidéos, t’es au  chaud, nan ?
Ah-ben-oui, faut que je vous dise que Laurène a changé de métier. Virtuose de la manette, qu’elle est. Je vous dis pas sur quoi elle a dû s’entraîner.

G7bouffer

- HELGA !! C’est pas bientôt fini, de bouffer les croquettes du chien ! Non, je vous jure, ça les invente.
Ah, z’étiez pas au courant ? Ca y est on a un chien ! Enfin… un  semblant de chien. Z’avez vu la taille du clebs ? A force que je réclame un chien à cette grande gueule d’André, Laurène a eu pitié. Elle m’a acheté… ça, qu’on sait même pas à quoi ça va ressembler plus tard. Pour le moment, ça ressemble pas à grand chose : une boule de poils qu’elle a appelée Maxou. Faut vous dire que Laurène s’est plongée dans la lecture de la vie de Max Dubagne en 60 000 épisodes, alors bien sûr, ça laisse des traces.

G7caliner

C’est pas qu’il est pas mignon le Maxou, mais… savez ce que c’est quand c’est pas éduqué ces bestioles : Faut tout leur apprendre. Faut pas trop qu’elle compte sur moi, Laurène. J’ai bien d’autres choses à m’occuper et puis ce bide que j’arrive pas à perdre.

G7crawl

C’est pourtant pas faute de passer mon temps à crawler dans ma piscine, mais… voulez que je vous dise ? L’est encore trop petite la piscine. Je me fais l’effet d’un poisson rouge dans son bocal. Je tourne en rond, je me cogne aux bords. Eeeennnnfin ! On peut pas tout avoir. C’est qu’avec la naissance de Manu, l’a fallu faire des travaux dans la maison… Nan, au rez-de-chaussée, ça se voit pas, c’est à l’étage que ça se passe !

G7exercice

- Parce que voyez, han-han, ce soir c’est l’anniversaire d’Angie, et maintenant qu’elle sera grande, han-han, elle va vouloir sa chambre pour elle toute seule. Remarquez, han-han, je la comprends : c’est pas une vie de dormir avec ses frangines. Parce que celles-là, c’est pas des cadeaux, croyez moi !

G7maigri

- J’ai pas un peu maigri, là ?
T’façon, avec le transistor et le bocal, z’êtes pas prêts de me confondre avec Jean-Paul. Comment il fait pour garder la ligne, ce coco là ? C’est vrai que la vie de député c’est pas de tout repos. Mais la mienne… vous croyez qu’elle est de tout repos, la mienne ?!
Nan c’est clair, va falloir passer aux choses sérieuses : avec ma prochaine prime… ou celle de Laurène notez bien, -faut bien que ça serve à quelque chose que madame travaille-, je m’offre un appareil de musculation, c’est dit ! Je vais m’en débarrasser de ces bourrelets, foi, de Miguel ! Mais TAIIIINNN ! Y a du boulot !
Allo-oui ? Ah, c’est toi Mandy ? Nan, Laurène est au boulot, Laurène… Un garçon ?! Félicitations ! Vous l’avez appelé comment ? … Hervé ?! Comme celui d’André, alors ? … Ah-bon, z’étiez pas au courant ? Z’aviez pas reçu le faire-part ?

G7soiree

Ah-ben pas trop tôt que ça soye la fin de la soirée. Angie va enfin grandir, elle va pouvoir donner un coup de main. Pas qu’elle soit feignante la petite, mais en tant que gamine, peut pas faire grand chose… à part la vaisselle. C’est surtout niveau larves à pattes qu’on aurait besoin d’un coup de main, si vous voyez ce que je veux dire.

G8attends

- Ben alors ?? Qu’est ce que t’attends pour grandir ? Grandis, Angie !
- Il vient pas à mon anniversaire, parrain ?
- Parrain ???? Aaaah, André ! Ben-nan, tu vois, on a pas pensé à l’inviter. S’il s’était manifesté un peu plus souvent, l’enflure, on y aurait peut-être pensé, mais ça fait combien de temps que tu l’as pas vu ton parrain ? Alors viens pas nous raconter que t’as besoin de lui pour grandir. Grandis !

G8droit

- Mais-heu ! J’ai même pas droit aux trompettes ? Il est tout moche, mon anniversaire !
- Tu veux les trompettes ? Va pour les trompettes ! Allez les filles, soufflez, bon-sang, soufflez ! Voyez pas qu’Angie attends après ça pour grandir ?
- Papa, elle est où ma trompette ? Je trouve plus ma trompette !....
C'est Jenny qui me l'a piquée ! Jenny, rends-moi ma trompette !
Papaaaa, elle veut pas me rendre ma trompette !

G8faire

- Tu vas pas nous casser les burnes avec ta trompette ! T’as qu’à faire du bruit avec le crin-crin !
C’est pareil, hein Angie, la trompette ou le crin-crin ? L’important c’est que ça fasse du potin.
Mais dis-lui donc toi, Laurène ! Alors ? Tu grandis, ma chérie ?

27 mai 2007

D/5 : Ainsi va la vie

F1panier

Fallait pas se plaindre, Vilma avait le sens de l’esthétisme et des notions de visagisme. Grâce à quoi, après des dizaines d’essais de coiffure et de maquillage en tous genres, elle avait réussi à transformer le vilain petit canard en une gamine acceptable. Elles attendaient avec impatience d’avoir l’avis d’André sur cette métamorphose.

F1travaux

Il faillit ne pas la reconnaître quand elle vint l’accueillir à son retour du travail et quand il réalisa, il n’eut pas le temps de réagir car Lucie lui glissa avec des airs de conspirateur :
- Demain, j’aurai quelque chose à vous dire.
- Demain ? Et pourquoi pas tout de suite ? s’écria-t-il, passant sans transition de l’indignation légitime à l’inquiétude du mari peut-être trompé.
- Parce que j’ai fini mon service et que là-tout-de-suite j’ai un rendez-vous, l’informa Lucie.

F1tres

Le temps de retirer sa tenue de travail et de prendre sa douche en ruminant de sombres pensées, Vilma lui avait sauté dessus au sortir de la salle de bain, distribuant ses ordres comme des prospectus :
- Serait temps de changer Hervé. Et puis, faudra peut-être le nourrir aussi - si tu veux pas que l’assistante sociale vienne te le prendre. Tu trouveras des biberons dans le frigo.
HO !! C’était quoi son problème ? Elle avait pas eu le temps de le faire pendant son jour de congé ? Pourquoi ce serait à lui de se taper les corvées ? Lui qui rentrait du travail usé et moralement excédé pour avoir dû supporter la mauvaise humeur des clients du restaurant toute la sainte journée.
Vilma condescendit à expliquer :
- Mais parce que c’est TON fils mon Loulou.

F1trop

Il n’était que trop clair qu’elle n’avait toujours pas digéré le fait d’être à nouveau mère et qu’elle entendait mettre ses menaces à exécution : Celui-là, c’était lui qui l’avait voulu, ce serait lui qui s’en occuperait. Si seulement Lucie avait été plus claire. Si elle avait pris le temps de lui dire ce qu’elle avait découvert, au lieu de s’enfuir comme une voleuse en réclamant ses 40 simflouzes de salaire, il aurait peut-être eu des arguments pour négocier. Mais en l’état… il n’eut plus qu’à s’exécuter.

F1trouves

Il passa à table d’humeur morose et comble de bonheur, Vilma avait cuisiné des côtes de porc au chou rouge et aux brocolis, qu’il détestait.
- Papa, tu m’as pas dit comment tu me trouvais, reprocha Sarah.
Bonne question ! Il allait pouvoir se vider.
- Qu’est ce que t’as fait à tes cheveux ? Et puis c’est quoi ce maquillage ?
- C’est môman qui m’a fait une couette. Et puis elle m’a mis du crayon aux yeux, et puis du brillant à lèvres aussi pour que je soye plus belle, expliqua Sarah.
- Tu la trouves pas plus jolie comme ça ? intervint Vilma.

F1trouvesbis

- Nan, je la trouve pas plus jolie comme ça, nan ! Elle avait bien le temps de penser à se maquiller. Elle était très bien au naturel : elle me ressemblait.
- Ben justement ! lâcha Vilma, interrompue par Sarah
- Hé-ben, moi je me trouve plus belle, et môman aussi. Alors, je resterai comme ça, hein môman ?

F1Vilma

Sa mère appuya :
- T’avoueras qu’elle est bien mieux. Et puis tes goûts, hein ! Dois-je te rappeler le costume de clown que tu portais quand je t’ai rencontré, et ton allure avec tes cheveux gominés ? T’as jamais eu à te plaindre du changement, alors pour Sarah ce sera pareil. Je me suis pas tuée à la relooker pour que tu gâches tout.
- Je pourrai rester belle, môman ? s’inquiéta Sarah
- Bien sûr, que tu resteras belle, ma chérie. N’écoute pas ton père, il y connaît rien.

F2Cadeau

André analysa la situation.
BON ! Elles avaient décidé de se liguer contre lui et à un contre deux il faisait pas le poids. Vivement qu’Hervé grandisse, que ça change la donne. C’était pas du tout comme ça qu’il voyait les choses, lui. Depuis quand c’était les femmes qui commandaient ? Mais elles le regardaient d’un air tel, le mettant au défi d’insister, qu’il comprit qu’il avait intérêt à faire machine arrière. Il tenta un rapprochement du côté de l’ennemi.
- Tu nous a pas dit ce qui te ferait plaisir comme cadeau pour ton anniversaire, ma chérie.
- Je pourrais avoir un kiosque à limonade ? demanda Sarah.

F2kiosque

- T’es sûre que tu préfèrerais pas une petite gazinière pour faire la cuisine comme maman ? suggéra André.
- Nan ! J’en veux pas d’une gazinière. Môman, pourquoi je pourrais pas avoir un kiosque à limonade ?
- Meuh bien sûr, tu peux avoir un kiosque à limonade, si c’est ce qui te fait vraiment plaisir, ma choupinette, assura Vilma.

F2limonade

Changement de ton pour s’adresser à André :
- Tu vas pas commencer à jouer les dictateurs ! C’était pas la peine de lui poser la question si t’avais décidé pour elle. Si elle veut un kiosque à limonade, elle aura un kiosque à limonade. C’est quoi cette histoire de faire la cuisine comme maman ? Tu la fais jamais toi, la cuisine ?

F2pouvoir

André comprit que tout espoir de pactiser avec l’ennemi était mort quand Sarah déclara
- En tout cas tu cuisines drôlement bien, môman ! C’était délicieux le chou rouge et les brocolis avec la viande.
Vilma jubilait. Pour une fois quelqu’un appréciait sa cuisine.
- C’est vrai ? T’as aimé ? Ben alors, t’inquiète pas ma poupougne, je t’en referai souvent.
Et lui alors ? Il avait son mot à dire quelquefois dans cette maison ?

******************

F2Unebaleine

Une baleine ! C’est bien simple, j’ai l’air d’une baleine J’adore les enfants, mais on devrait inventer un système pour nous les livrer tout prêts. Chaque jour qui passe me rapproche du terme, mais chaque jour, je me sens plus lourde, plus fatiguée. Et Abdoul qui n’est jamais là.

F2vouloir

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’avoir une grande famille. Mais je crois que celui-là ce sera le dernier. A moins que ce soit encore un garçon ? Quand j’ai eu Thomas, toutes les copines m’ont enviée. Elles me parlaient de la chance que j’avais d’avoir un fils alors qu’elles n’avaient que des filles. J’adore mon Thomas bien sûr, et puis ça faisait tellement plaisir à Abdoul. Mais si j’avais le choix, je préfèrerais quand même une petite fille. Pouvoir la coiffer, l’habiller, jouer avec elle à la maison de poupée… un garçon, c’est pas pareil.

F3agrandi

Plus Abdoul gagne d’argent, plus il dépense. Il a absolument tenu à faire des travaux dans la maison. J’avoue qu’elle était un peu petite, mais là…  avait-on besoin d’une cuisine aussi grande ? Et ce simulacre de garage… Tout ça pour faire croire que nous on a un garage. Comme si personne ne se rendait compte que la voiture reste toujours dehors. Avec tout ce tape à l’œil, on manque d’argent pour terminer les pièces. Nous avons une immense cuisine, un grand salon quasiment vide, une chambre pour Thomas, une autre en construction pour nous et un grand espace au premier qui servira… on se demande encore à quoi. Il faudra quand même songer à acheter quelques meubles et terminer les tapisseries.

F3agrandibis

Tout ce que vous voudrez, cette maison n’est pas pratique. J’ai une petite idée à la place du garage. Parce que j’envisage sérieusement d’arrêter mon travail. Je n’ai pas encore osé en parler à Abdoul, mais je pourrais reprendre mon métier de coiffeuse à domicile. Ca me permettrait de rester avec les enfants et de me passer de nourrice et ça, ce serait vraiment une bonne chose.

F3devoirs

Mon petit Thomas est rentré de l’école et m’a demandé de l’aider pour faire ses devoirs. Je n’ai pas fait beaucoup d’études, mais je devrais pouvoir y arriver. Et puis, ça me permettra de réviser. On ne prend jamais assez de temps pour s’instruire.

F3Devoirsbis

En le voyant travailler, je me suis aperçue qu’il avait tendance à confondre certaines lettres et comme je remarquais qu’il  semblait peiner, je l’interrogeai :
- T’es obligé de t’approcher aussi près de ton cahier mon chéri ?
- Ben oui, sinon je vois pas les lignes.
Il faudra surveiller sa vue, j’ai l’impression qu’il devra porter des lunettes.

F3epuisee

Je suis épuisée, mais je voulais absolument attendre le retour d’Abdoul pour lui parler de ce problème. Quand il est enfin rentré, il m’a trouvée endormie sur mon plateau-télé.

F3parler

Il m’a grondée
- T’en fais trop Dona. On dirait que tu concourres pour le titre de mère parfaite. Je l’aurais aidé à faire ses devoirs, moi ! Y avait rien qui pressait.
- Et tu te serais peut-être pas aperçu qu’il avait un problème de vue, enchaînai-je. Tu sais pourquoi ? Parce que tu n’aurais eu qu’une hâte : celle d’en finir au plus vite. Moi je prends le temps de l’observer, de parler avec lui. S’il ne devait compter que sur toi, avec tes horaires déments.
- C’est vrai que je suis pas très présent, admit-il. Et je dois encore travailler mon charisme. Tu sais qu’il m’en faut une bonne dose si je veux devenir PDG de la boîte.

F4appreter

Je m’apprêtais à aller me coucher quand les douleurs m’ont prise. J’ai crié :
- AAAAHHH ! Abdoul ! Je crois que le moment est venu.
Ce qui a eu pour effet de faire accourir Thomas.
- Qu’est ce qui se passe maman ? Pourquoi tu cries ?
Je le rassurai
- C’est rien, mon chéri. C’est le bébé qui va bientôt naître.
Ce qui ne tarda pas à arriver.

F4autrefils

C’est ainsi que je donnai naissance à un autre petit garçon. Abdoul était ravi, moi moins. Mais ma déception n’a été que de courte durée en voyant mon magnifique petit Matthieu. Je serai bonne pour tenter la fille une autre fois. Après tout, la grossesse ce n’est jamais qu’un mauvais moment à passer. Après l’accouchement, on a tendance à tout oublier.

7 avril 2007

D/4 : Le vilain petit canard

E1exercice

Mandy n’était pas femme à se laisser aller, enceinte ou pas. Elle tenait à conserver une belle silhouette le plus longtemps possible et elle avait attendu le retour de son mari en faisant de la musculation.
Ca présentait je double avantage de brûler des calories et d’apaiser sa mauvaise humeur. Joë exagérait. Qu’est ce qu’il pouvait bien fabriquer ? Elle avait donné son accord pour qu’il aille seul à la réception des Pullaire, mais il était pas obligé d’y passer la nuit.

E1fairedevoirs

Quand enfin il s’était décidé à rentrer, elle n’avait pas pu s’empêcher de lui en faire le reproche.
- Joë, t’as pas pensé qu’on t’attendait à la maison ? J’ai dû aider Audrey à faire ses devoirs, je crois que t’étais mieux placé que moi pour faire ça. Et puis tu la connais, elle a fait toute une histoire pour accepter d’aller se coucher sans que tu viennes l’embrasser. J’ai encore eu le mauvais rôle pour lui expliquer qu’il fallait qu’elle aille au lit de bonne heure parce qu’elle avait école demain. Ca devait être quelque chose cet anniversaire, pour que t’y restes aussi longtemps.

E1reproche

- Moui, c’était pas mal, admit Joë. J’y ai rencontré des gens intéressants.
- Des gens ? Vous étiez combien donc ? Ils avaient invité tout le quartier ?
- Nan pas tout le quartier, y avait Abdoul, Miguel, Laure Richissim, Mme Ramirez –tu sais les meubles Ramirez- et Laure Richissim, une amie de Jean-Paul  Enfin amie… c’est ce qu’il prétend, y aurait plus que de l’amitié entre eux deux que j’en serais pas autrement surpris.
D’habitude Joë se tenait à l’écart de ce genre de ragots, mais Jean-Paul l’avait énervé et parler de ses relations supposées avec Laure lui permettait de détourner l’attention de Mandy de la mention qu’il avait faite de la présence de Mme Ramirez.
Bien vu ! Mandy avait tout de suite mordu à l’hameçon.
- Jean-Paul aurait une maîtresse ? T’en es sûr ? interrogea-t-elle.
- Pas à 100% mais tout dans leur attitude porte à le croire.
- Nan, c’est pas possible, il aurait quand même pas osé l’inviter chez Sally pour l’anniversaire des enfants, s’écria Mandy, ajoutant que pour faire ça, faudrait déjà être un beau salaud.

E2amour

Toute méfiance endormie, elle se blottit dans les bras de Joë
- C’est pas toi qui me jouerais ce coup là, hein mon chéri ?
- Bien sûr que non ! Tu sais bien que je tiens trop à toi.
- Mais j’espère bien ! susurra Mandy en se serrant amoureusement contre lui. Elle dégrafa un bouton de sa veste de pyjama et lui caressa la poitrine.
- Qu’est ce que tu fais ? s’étonna Joë quand sa main entreprit de délacer le cordon de son pantalon.
Depuis qu’ils étaient mariés, elle n’avait encore jamais pris ce genre d’initiative. Mais ce n’était pas pour lui déplaire.

E2dormir

Le devoir conjugal accompli, il s’effondra comme une masse et la nuit portant mauvais conseil, rêva de Lisa Ramirez tandis que Mandy, tout à fait rassurée sur l’amour que lui portait son mari, s’endormait du sommeil du juste.

E2Enceinte

Le lendemain, elle fit à Joë des compliments sur sa prestation de la veille.
- Dis donc, tu tenais la grande forme hier soir. Si ça te fait cet effet là de traîner avec tes amis, je serais d’avis de te laisser sortir plus souvent. Y avait longtemps que ça n’avait pas été aussi bien.
Il préféra ne pas répondre, sachant que dans les bras de Mandy, c’était à Lisa qu’il pensait.

E2nan

Mais il n’était pas fier de lui. Il avait d’abord été surpris quand Lisa Ramirez l’avait dragué sans retenue. Puis il s’était senti flatté. Lui qui avait toujours cru qu’il ne pouvait pas plaire aux femmes, voir qu’entre tous les hommes présents c’était sur lui qu’elle avait flashé, ça l’avait sacrément rassuré sur son pouvoir de séduction. Il aurait bien aimé savoir l’effet que ça faisait d’avoir une liaison n’ayant jamais connu qu’une femme : la sienne. Mais Mandy attendait un bébé, il pouvait quand même pas lui faire ça. D’autant que de son côté, il n’avait rien à lui reprocher.

E2penses

- Tu déjeunes pas ? s’avisa Mandy en le voyant plongé dans ses pensées. T’as l’air tout chose, qu’est ce qui va pas ?
Nan-nan, tout allait très bien, pas de problème. C’était juste qu’il avait pas faim. Il était un peu barbouillé. Il avait dû abuser du champagne à l’anniversaire.
- Tu permets ? Moi je meurs de faim, annonça Mandy en attaquant une pâtisserie fourrée d’un bel appétit. Au fait tu m’as pas raconté la fête hier. Ca devait vraiment être bien, vu le temps que tu y as passé.
Il n’y avait plus l’ombre d’un reproche dans sa voix, uniquement de la curiosité.

E2raconter

Surtout ne pas reparler de Lisa. Il l’avait informée de sa présence, pas la peine de remettre le couvert. Ca éviterait qu’elle pose trop de questions à son sujet. Il se mit en devoir de lui narrer la fête à sa sauce.
- C’était pas mal, je te l’ai dit. Ils avaient fait les choses en grand : deux gâteaux et Cécile nous avait cuisinés des homards.
- Des homards ! Ben dis-donc, t’as dû te régaler alors. Ils avaient demandé à Cécile de rester ?
- Je crois qu’elle était là à titre d’invitée, mais elle a absolument tenu à faire la cuisine, répondit Joë. Heu… j’ai eu quelques mots avec Jean-Paul, finit-il par avouer.

E3dispute

- Tu t’es disputé avec Jean-Paul ? s’étonna Mandy. A quel sujet ?
- Oh, au sujet de Laure. Je lui ai dit qu’il devrait faire attention, que Sally n’était pas aussi naïve qu’il le pensait et que leur petit manège sautait aux yeux. Il l’a mal pris.
- T’as dit toi-même que t’étais pas sûr à 100% qu’il y ait quelque chose entre eux. Si y a rien, c’est normal qu’il l’ait mal pris, conclut Mandy. Vous êtes pas vraiment fâchés au moins ?
- Nan, mais disons qu’il vaudrait mieux laisser les choses se tasser d’elles mêmes. Je connais Jean-Paul, il s’emporte facilement mais il a pas de rancune.
- A ta place je l’appellerais quand même pour m’excuser. C’est pas le moment de se le mettre à dos quand il vient d’être nommé député, conseilla Mandy.
Cette idée ne l’enchantait pas. Il plaida sa cause :
- Mais je suis pas sûr non plus d’avoir tort.  Je t’assure qu’il y avait de quoi se poser la question.

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Elle se fit l’avocat du diable :
- On accuse pas sans preuve ! T’as eu tort Joë, si tu n’avais que des soupçons, il fallait les garder pour toi. Tu veux que je l’appelle ?
Surtout pas ! D’ici que Jean-Paul aille lui raconter qu’il n’était pas très clair non plus.
- Nan, je le ferai, assura-t-il.
Mandy évalua son degré de sincérité. Puis elle lâcha :
- Bien ! Je compte sur toi. En parlant de téléphoner, faut que j’appelle Vilma. Je l’ai pas encore félicitée pour la naissance de son fils.

******************

E8dormir2

Les biberons à 5 heures du matin, c’était pas le truc de Vilma. Fallait quand même pas pousser grand-père dans les orties.  Elle n’avait pas pris un jour de congé de maternité pour se lever encore plus tôt que pour le boulot. Aussi quand Hervé avait commencé à pleurer, elle avait secoué André par l’épaule et ordonné d’une voix ensommeillée mais suffisamment ferme pour qu’il comprit ce qui lui restait à faire.
- André, t’entends pas qu’il réclame ? Qu’est ce que t’attends ?

E9Cheri

C’était pas une bonne idée de l’avoir installé dans leur chambre. Il allait te lui trouver une place d’où il pourrait s’égosiller tout à son aise et lui, finir sa nuit tranquille. Il se souvenait pas d’avoir dû se lever si tôt pour Sarah. Faut dire que Sarah, Vilma s’en occupait pas mal, mais elle avait averti pour Hervé :
- Celui-là si y avait eu que moi, il serait encore chez la cigogne. C’est toi qui l’as voulu, c’est toi qui te payeras les corvées.

F1anniversaire

Il avait eu le temps de le nourrir, de le changer et de se laver et il avait retrouvée Vilma pendue au téléphone. Depuis dix minutes de source syndicale, depuis une heure d’après lui.
- On l’a appelé Hervé. André est ravi tu penses un fils. Tous des machos ces hommes […] Oui, la petite va bien, c’est son anniversaire justement […] nan, on fait pas de fête, je commence à en souper des fêtes avec tout le boulot que j’ai en ce moment, tu te rends pas compte : deux chiens, un bébé et une bambine […]

F1anniversaireBis

Rha, qu’est ce qu’elle avait besoin de raconter sa vie ? Si elle lui avait dit qu’elle en avait pour une heure, il se serait pas pressé d’aller chercher sa fille et d’allumer les bougies.
- […] Ben-non, ils nous ont pas invités. Tu y étais pas non plus ? […] Ah-bon, rien que Joë alors. C’était comment ? […] du homard ! Ben dis-donc, il se refuse rien le député. Il est mignon leur fils ?
- Vilma, c’est pas bientôt fini ? s’impatienta André. Je commence à prendre racine moi ! On voit bien que c’est pas toi qui porte Sarah, elle pèse son poids mine de rien.

F1anniversaireTer

- Bon, je vais être obligée de te quitter, y a André qui me pique sa crise. Bisous Mandy et je croise les doigts pour que t’aies un garçon aussi. Je t’embrasse, porte-toi bien, te fatigue pas trop surtout.
- Ah-ben quand même ! T’avais bien besoin de lui raconter tout ça, commenta André.
- Je raconte ce que je veux ! Tu vas pas me reprocher de passer trop de temps avec mes copines. T’es bien content de les trouver pour tes promotions mes copines, se défendit Vilma pendant que Sarah soufflait enfin ses bougies.

F1envoyer

Le gâteau d’anniversaire avalé, Vilma envoya Sarah s’habiller et faire sa toilette.
- Profite que la salle de bain est libre, quand tu auras fini, ça sera mon tour, lui conseilla-t-elle. Quelque chose la tracassait et il fallait qu’elle en parle à André.
- Heu t’as remarqué André ? Elle est pas jolie-jolie notre fille.
Nan, il avait pas remarqué. Qu’est ce qu’elle lui reprochait ?
C’était une belle gamine : elle lui ressemblait. 

F1expedie

Vilma ne répondit pas mais n’en pensa pas moins. Sa toilette faite, elle examina Sarah de plus près. Nan, y avait pas à y revenir, elle avait tout du laideron. Ca pour ressembler à son père, elle lui ressemblait ! Elle eût préféré qu’elle tint d’elle (–et moi donc !) et camoufla sa déception en incriminant la coiffure
- Ah-mais ça va pas du tout ma poupougnette, t’as l’air d’un pauvre chat mouillé avec ces cheveux dans la figure. On va changer tout ça, en vitesse, déclara-t-elle.
Sarah aussi était déçue :
- Papa y m’a dit que j’étais belle pourtant.
- Moui… les goûts de ton père…

F1Sarah

Elle comprit qu’elle avait été maladroite. Elle y était pour rien, pauvre gamine, si elle ressemblait à André. Elle se reprit :
- C’est pas que t’es pas belle, mais tu pourrais l’être encore plus, bien arrangée avec une jolie coiffure. Tu veux que je m’en occupe ?
- Et après, je serai belle comme toi ? demanda Sarah qui reprenait espoir.
- On fera de notre mieux, lui assura Vilma.

F1travail

En femme avisée, elle attendit patiemment qu’André parte au travail avant de se mettre à l’œuvre. Il bichait comme un pou d’avoir enfin quitté le Mac Sim - où il avait pourtant fini par être nommé responsable d’équipe -  pour devenir placeur dans un vrai restaurant. Il avait eu une veine de… oui, pour obtenir cette place, autrement pensez bien qu’il serait toujours en train de tartiner ses hamburgers. 

F1travailbis

Un jour que Janine, la patronne, était toute affolée parce qu’ils étaient en rupture de stock de viande hachée, il avait inventé une nouvelle recette : le végéburger c’est à dire, le hamburger sans ham ; rien que de la feuille de salade avec une petite rondelle de tomate noyées sous la mayonnaise. Comme c’était l’heure de presse et que les clients n’avaient guère de temps pour manger, il était trop tard pour chercher un autre fast-food et comme la salade ça nourrit pas son homme,  ils en avaient pris plusieurs fois. Janine s’était méprise sur le succès de ces végéburgers et avait pistonné André pour le faire embaucher dans un restaurant digne de lui et de ses talents de créateur.

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31 mars 2007

D/3 : La libération de la femme

D7Miguel

Fallait avoir envie de rentrer à la maison, je vous jure. Il aurait su, il aurait demandé à Jean-Paul s’il aurait pas un lit pour lui. Même le canapé ça l’aurait fait, parce que à la maison… ben à la maison, c’était le souk.

D7Pot

Même pas pu se tremper dans sa piscine, dis-donc, elles lui avaient sauté dessus dès qu’il y avait plongé le doigt de pied :
- Papa ! Papa ! Faut que tu mettes Helga sur le pot tout de suite-tout de suite, autrement elle va faire dans sa couche. Et puis faut que tu donnes le biberon à Manu et aussi que tu le changes, parce que maman elle peut pas, ça la rend malade.
- Ho ho HO ! Et respirer, il avait droit ?!

D8Calin

Nan-mais c’est vrai. Qu’est ce que c’était ces façons d’attendre qu’il rentre de la fête d’anniversaire des Pullaire pour lui refiler toutes les corvées ? C’est pas qu’il voulait pas s’en occuper d’Helga, mais pourquoi avoir attendu qu’elle en puisse plus de se retenir pour lui demander à LUI de la mettre sur le pot ? Ca la rendait pas malade ça, Laurène -à ce qu’il sache.

D8nourrir

Nan-mais vous voulez qu’il vous dise ? Laurène, elle en profitait ! Oui-oui-oui, vous pouvez n’être sûrs. Depuis que l’autre taré de toubib lui avait dit de se reposer, croyez-le qu’elle l’avait écouté. Si bien qu’à force de plus rien faire faut croire qu’elle devait s’ennuyer, elle avait décidé de trouver du travail : Agent de sécurité. Ouais comme les clébards… Tendez une minute.
- Comment qu’il va le fi-fils à son papa ? Il est content que son papa s’occupe de lui ? C’est bien toi le plus mignon, tiens !

D8raconter

Bon alors, y vous disait : Laurène elle y avait pris goût à rien foutre avec son armée de larbins : la bonne, la nounou, Angie… et puis lui qu’elle avait enrôlé de force -à l’insu de son plein gré je vous prie de croire.  Fallait la voir donner ses consignes avant de partir.
- Wendy, vous serez bien sages, vous en ferez pas trop voir à papa, je compte sur vous. Vous n’oublierez pas de vous laver et de vous brosser les dents avant d’aller au lit. Et puis si vous entendez pleurer Emmanuel, vous appelez papa. Serait bien capable de le laisser s’égosiller pour retourner dans sa piscine.

D8repeter

- T’as bien entendu Miguel ? PAS QUESTION D’ALLER NAGER ! T’as les enfants à surveiller. Et tu penseras que le biberon pour Manu c’est toutes les trois heures, ni plus ni moins. C’est pas la peine de lui en donner deux coup sur coup pour essayer de le caler : CA SERT A RIEN ! C’est que je le connais ton père, tu sais mon bébé : C’est tire au flanc et compagnie.

D9entendre

Ce qui faut pas entendre, je vous jure ! lui qui s’apprêtait à nettoyer le plan de travail avant de se mettre à la gym. Faut bien puisqu’il est privé de piscine par décision dictatoriale. Oooh fallait pas qu’elle pense qu’elle allait garder ce boulot. C’était pas à lui de faire la garderie tous les soirs. Elle avait qu’à se trouver un job dans la journée, quand la nounou était là et lui occupé à faire le DJ. Il avait peut-être le droit de se reposer lui aussi quelquefois ?

D9lit

- Ho ! C’est quoi le potin là-haut ? Jenny, si tu déglingues les ressorts du lit le prochain sommier tu le payeras sur ton argent de poche, je t’avertis !
Nan-mais faut pas se foutre du monde. Depuis qu’on leur a tapissée leur chambre, elles se sentent plus. Ca se figure qu’on roule sur l’or… avec la nounou et la bonniche à payer par dessus le marché.

D9suer

Quel calvaire la gym devant la télé !Quand tu penses qu’il aurait qu’à se tremper dans sa piscine pour le même résultat, mais-nan. Tu me diras… puisqu’elle est au boulot, Laurène y verra que du feu. Que tu crois ! Et les espionnes ? C’est que c’est des vraies mouchardes mes gamines, je les entends d’ici :
- Môman, y a papa il a été tout le temps dans son trou de flotte. Y s’est pas occupé de nous.
Faites des gosses, tiens !

E1assez

Bon, j’en ai ma claque. Surtout que je perds pas un gramme. Nan j’exagère là, je maigris c’est sûr, sauf que… ça se voit pas. Pas encore, mais ça viendra. C’est ce qui faut se dire, autrement autant jeter l’éponge. J’en ai marre de me trimballer une panse de pépé j’ose même plus essayer de draguer. Les nanas les gras du bide ça les branche pas. Y a des exceptions bien sûr, y a toujours des exceptions, mais faut déjà tomber dessus. Je m’en vais me prendre un bain à bulles, ça va me faire du bien, surtout que les filles ont l’air de me fiche la paix pour une fois qu’elles sont pas à pleurnicher pour un oui pour un non.

E1bain

Ah oui-mais-nan, j’aurais dû m’en douter : pas moyen d’accéder à la baignoire, y a Jenny qui squatte la salle de bain. L’a le don pour me gonfler cette gamine.
- Tas pas bientôt fini ? Et puis qui c’est qui t’a permis de prendre un bain à bulles d’abord ? Le bain moussant c’est pour les grands, tu devrais déjà le savoir. Vous les filles, vous avez VOTRE douche dans VOTRE salle de bain à l’étage.
- Oui mais moi je préfère la baignoire et puis le bain moussant qui sent bon.
- Y A PAS D’JE PREFERE ! TU ME SORS DE LA VITE FAIT, BIEN FAIT !
C’est malheureux, faut toujours qu’elles aient le dernier mot.

E1eau

- PAPA, PAPA, viens voir, il pleut !
Qu’est ce qu’elle raconte Angie ? Il pleut ? N’importe quoi !

E1eaubis

Mais… mais c’est pourtant vrai qu’il pleut. Ah-ben, nous v’là frais ! Va falloir leur acheter des impers et des bottes, ça va faire encore des frais tout ça. Et pour le boulot, comment je vais faire ? Le scooter c’est bien quand il fait beau, mais sous la flotte… va falloir acheter une voiture. Laurène aurait plutôt intérêt à nous ramener une promotion. Elle peut ! Elle pense qu’à se reposer, que c’en est devenu lamentable. Et je pèse mes mots : c’est dégueulasse que je devrais dire.

E1Meilleur

Aaaah, c’était bien le meilleur moment de la journée tiens ! Peinard, les doigts de pied en éventail dans la baignoire et les gamines au lit. C’est qu’il s’en était passées des choses dans cette journée : L’anniversaire des petits Pullaire c’était pas rien, avec le Jean-Paul qui était député maintenant. Fallait pas se plaindre : il était resté simple. Pas comme l’autre trouduc d’André qui pensait qu’à en foutre plein la vue à tout le quartier. C’était sympa sa petite fête, et les homards… Ca changeait des nouilles, je vous prie de croire. Pourquoi on en mange jamais à la maison des homards ? Pour les gosses, je dis pas : des hamburgers ça suffit bien, elles se régalent avec ça. Mais nous ? Nous on pourrait bien s’en offrir de temps en temps des homards –si Laurène était moins feignasse

E1Rendu

C’était pourtant à la fête qu’il s’était rendu compte qu’il plaisait plus. Y avait cette bonne femme qui lui avait pourtant clairement laissé entendre qu’il lui était pas indifférent au bazar, et il s’était dit en la voyant que c’était vraiment son jour de veine. Avec toutes ces corvées qu’il devait s’appuyer, il avait seulement jamais eu le temps de la rappeler.

E1Renducompte

Je t’en fous ! Elle en avait plus que pour ce puceau de Joë. Enfin, on pouvait plus l’appeler puceau depuis qu’il avait réussi à faire deux gosses à sa Mandy, mais… est ce que ça suffit pour faire d’un mec un séducteur ? Je vous le demande.
Il avait bien essayé d’en placer une. Impossible !

E2fois

C’était bien la première fois qu’il avait été content que Sally soit aussi coincée. Elle avait demandé à Jean-Paul de calmer Joë-Casanova.
- Ecoute Joë, j’ai pas à juger ta conduite, tu mènes ta vie comme tu veux mais n’oublie pas que Sally et Mandy sont de grandes amies, alors draguer une autre femme en sa présence ça se fait pas. En plus tu cours des risques. Tu sais ce que c’est les femmes entre elles : d’ici qu’elle aille tout lui raconter, tu t’en prendras qu’à toi.
Qu’il lui avait dit le Jean-Paul.

E2foisbis

- Quand j’aurai besoin de tes conseils, je te ferai signe ! avait répondu Joë. Parce que si tu crois que j’ai pas remarqué ton petit manège avec Laure…
- Quel petit manège ? s’était récrié Jean-Paul. Laure est une amie, rien de plus.
- Oui-oui, à d’autres ! D’ailleurs, je suis pas le seul à l’avoir remarqué. T’as pas vu que ta femme vous surveillait ?

E2legitime

- Laisse ma femme en dehors de ça ! Elle sait qu’elle peut avoir confiance en moi. Prie le ciel pour que la tienne en fasse autant, parce que le jour où elle se rendra compte que tu joues les jolis cœurs dans son dos, ça va faire des étincelles, avait répliqué Jean-Paul.
Et la Laure qui aurait eu tout intérêt à se faire oublier avait choisi ce moment pour les appeler :
- Vous venez pas manger vos homards ? Jean-Paul voyons, ils vont être tout froids.
Comme si ça la regardait. C’était pas elle la maîtresse de maison, que je sache.

E2legitimebis

D’ailleurs, Joë l’avait pas tort sur ce coup là. L’amitié entre homme et femme, faut vraiment être tombé de la dernière pluie pour y croire et j’ai comme l’impression que Sally est devenue moins naïve avec le temps. C’est vrai qu’elle avait pas arrêté de les surveiller. Et cette façon de lui dire mine de rien :
- Jean-Paul, viens donc à table… puisque Laure te l’ordonne !
S’il avait pas compris le sous-entendu le Jean-Paul.

E2regarder

Enfin moi tout ça, ça me regarde pas. J’ai surtout pas voulu m’en mêler. Je me suis contenté de rigoler avec Chloé. Je l’adore cette gamine. Si seulement les miennes étaient moitié aussi sages qu’elle. Une vraie petite femme d’intérieur : c’est elle qui a débarrassé la table, c’est elle qui a fait la vaisselle et c’est elle aussi qui s’est tapé le nettoyage de la salle de bain. Un peu comme Angie vous me direz, sauf qu’elle, ça a l’air de lui faire vraiment plaisir.

E2enerver

Ca l’énervait ! Bon Sim ce que ça pouvait l’énerver de voir Joë rouler des mécaniques comme si du jour au lendemain il s’était retrouvé avec la gueule de Brad Pitt. Faut pas qu’il s’imagine, s’il avait pas pris autant de poids, il aurait toujours pu s’accrocher pour lui soulever sa conquête. Mais, vu comment les choses se profilaient, il avait été contraint d’assister impuissant aux efforts de Joë pour s’accrocher la femme infidèle. Parce qu’elle est mariée en plus ! C’est bien ce qu’elle lui avait donné comme excuse pour ne pas le suivre dans la cabine d’essayage où pourtant, il se faisait fort de la faire grimper aux rideaux.

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